DE NOTRE CORRESPONDANTE
LE MÉSOTHÉLIOME pleural, un cancer rare lié à l’exposition à l’amiante dans 80 % des cas, est de sombre pronostic (survie moyenne d’un an) car son diagnostic n’est souvent posé que tardivement.
Ses manifestations cliniques (douleurs thoraciques, épanchement pleural et altération de l’état général) surviennent au stade avancé, l’imagerie ne détecte pas le cancer au stade précoce, et l’on ne dispose d’aucun biomarqueur sanguin qui soit suffisamment sensible et spécifique.
Parmi les biomarqueurs du mésothéliome les plus étudiés, la protéine soluble apparentée à la mésothéline (SMRP) est de faible sensibilité (47 % pour une spécificité de 96 %) et le dosage sérique de l’ostéopontine n’est pas fiable en raison d’un site de clivage pour la thrombine.
Harvey Pass (New York University Langone Medical Center) et ses collègues rapportent l’identification par approche génomique d’un nouveau biomarqueur : la fibuline-3.
Leur étude suggère que les taux de fibuline-3 dans le plasma et les épanchements pourraient aider à établir le diagnostic et le pronostic du mésothéliome pleural.
Ils ont dosé les taux de fibuline-3 dans le plasma (de 92 patients avec mésothéliome pleural, 136 personnes saines exposées à l’amiante, 93 patients avec épanchements non causés par un mésothéliome et 43 témoins sains) et dans les épanchements pleuraux (de 74 patients avec mésothéliome, 39 patients avec épanchements bénins, et 54 patients avec épanchements malins non dus au mésothéliome) de deux cohortes de New York et de Detroit.
Puis ils ont effectué une validation en aveugle sur des échantillons plasmatiques d’une cohorte de Toronto.
Résultats, les taux plasmatiques de fibuline-3 sont significativement plus élevés chez les patients avec mésothéliome, comparés aux personnes saines exposées à l’amiante (environ 110 ng/ml contre 20 ng/ml) et les taux ne varient pas en fonction de l’âge, du sexe, de la durée d’exposition à l’amiante ou du degré des anomalies radiographiques. Ces élévations sont confirmées dans la cohorte de Toronto.
Dans l’épanchement pleural, les taux de fibuline-3 sont significativement plus élevés chez les patients avec mésothéliome que chez les personnes saines exposées à l’amiante (environ 700 ng/ml contre 210 ng/ml). Les taux les plus élevés sont associés à une survie plus courte.
Sensibilité de 100 % et spécificité de 94 %.
Dans une comparaison incluant les patients uniquement au stade précoce du mésothéliome (stade I ou II), les taux plasmatiques de fibuline-3 peuvent différencier le mésothéliome précoce de l’exposition à l’amiante avec une sensibilité de 100 % et une spécificité de 94 % (pour une valeur seuil de 46 ng/ml).
Les taux plasmatiques apparaissent similaires au stade précoce et au stade tardif, ce qui suggère que la fibuline-3 pourrait être associée à des événements précoces dans la transformation mésothéliale.
Ces résultats doivent être confirmés dans une étude internationale plus grande. De plus, des études prospectives chez des patients à risque exposés à l’amiante sont nécessaires pour déterminer si la fibuline-3 peut être un marqueur de détection précoce du mésothéliome, avant la survenue des symptômes.
« Nous essaierons d’organiser un consortium international de collaborateurs pour la validation ainsi que pour étudier la fonction de cette protéine qui semble être élevée sélectivement dans le mésothéliome », confie au « Quotidien » le Dr Pass Harvey.
Surveillance des patients à risque.
« Ce test pourra peut-être offrir une façon peu invasive de surveiller les patients connus pour être à risque de mésothéliome, soit parce qu’ils ont été exposés à l’amiante, soit parce qu’ils ont une histoire familiale de mésothéliome, de façon à détecter la maladie plus tôt. Cela pourrait permettre d’allonger la survie car le traitement par chirurgie, chimiothérapie et radiothérapie pourrait avoir un plus grand effet sur le stade précoce. »
Pass et coll., New England Journal of Medicine, 11 octobre 2012, p 1417
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