« LE RISQUE des cancers attribuable à l’environnement est, pour nous, important et explique en bonne partie l’augmentation de l’incidence des cancers », indique le Pr Gérard Lasfargues, qui dirige les travaux d’expertise en santé environnement à l’AFSSET.
Selon l’Académie de médecine, à peine 1 % des cancers seraient imputables aux facteurs environnementaux. D’autres experts estiment qu’ils sont à l’origine de plus de 50 % des cancers. « Nous ne voulons pas donner de chiffres, précise le Pr Lasfargues . Nous voulons sortir des controverses scientifiques pour proposer des mesures appropriées et acceptées par tous. C’est la marque de fabrique de l’AFSSET. » L’avis sur les champs électromagnétiques que l’Agence rendra en septembre prochain se déclinera d’ailleurs sur le même ton, celui de la précaution assumée.
Pour Martin Guespereau, directeur général de l’AFSSET, les controverses sur les estimations des parts attribuables aux facteurs de l’environnement s’expliquent notamment par la nature avérée ou encore débattue du caractère cancérogène de chacun des facteurs pris en compte. Ainsi, pour le cancer du poumon, l’amiante ou le tabac représentent des facteurs avérés tandis que les particules fines ou les pesticides sont des facteurs débattus.
Incidence en forte hausse.
Selon une expertise réalisée à la demande de l'AFSSET par l’INSERM et publiée en 2008, l'incidence de la plupart des cancers a progressé en France entre 1978-2000. C'est le cas en particulier pour neuf localisations : lymphomes malins non hodgkiniens, cancers de la peau, du côlon, du poumon, du foie, du rein, de la thyroïde, et surtout de la prostate et du sein. Entre 1980 et 2005, l'incidence des cancers s'est accrue de 35 % pour les hommes et de 43 % pour les femmes. Pour l’année 2005, on comptait plus de 320 000 nouveaux cas de cancers, dont 180 000 pour les hommes.
En matière de santé environnement, « nous ne pouvons plus nous satisfaire d’une approche de prévention, estime Martin Guespereau. Nous ne pouvons plus attendre toutes les preuves épidémiologiques pour agir. Nous devons privilégier une approche de précaution qui prend en compte les facteurs débattus. » Concrètement, cela veut dire « mettre en branle, avec proportion », une logique de substitution dès que possible, par exemple. Cela veut dire également respecter et vérifier les valeurs limites d’exposition professionnelle.
L’AFSSET fait un certain nombre de recommandations, dont celle de former et d’impliquer les professionnels de santé. « La majorité des personnes auditionnées (38 au total) font valoir le fait que la formation de base en santé environnement dans plusieurs disciplines scientifiques est sinistrée. Or, le développement de cette formation est indispensable pour permettre des progrès significatifs dans la recherche des causes des cancers liés à l’environnement et leur prévention », indique l’AFSSET dans son avis.
L’agence espère bien être entendue par ses trois ministres de tutelle, Santé, Environnement et Travail, au moment où trois plans se préparent : le plan national Santé Environnement, le plan Cancer 2 et le plan national Santé au travail.
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