Leucémie aiguë myéloïde

Un score évolutif après 60 ans

Publié le 08/12/2010
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LA LEUCÉMIE aiguë myéloïde (LAM) est la leucémie aiguë la plus fréquente chez l’adulte. Son incidence s’accroît avec l’âge. Sa prépondérance parmi les causes de décès va s’élever avec l’augmentation de l’âge de la population.

Environ 50 % des patients de 60 ans et plus qui souffrant d’une LAM et par ailleurs en bonne condition, c’est-à-dire en état de recevoir une chimiothérapie intensive, parviennent à une rémission complète. Ces patients ont cependant un risque de décès accru comparativement à ceux d’un plus jeune âge.

La prise de décision d’engager une chimiothérapie intensive peut être délicate. Les hématologues s’appuient sur leurs connaissances et leur expérience personnelle pour aborder chaque cas.

Certains facteurs sont connus pour influer sur la survenue d’une rémission complète : l’âge au moment du diagnostic ; la concentration sérique de lactate déshydrogénase au moment du diagnostic ; une LAM secondaire à une maladie hématologique antérieure y compris une atteinte de la moelle osseuse ; une LAM secondaire à un traitement antérieur par des agents cytotoxiques ou à une irradiation pour une autre maladie (cancer du sein par exemple). Les modifications génétiques au niveau des cellules leucémiques (anomalies chromosomiques, mutations de gènes) affectent également la survie et les perspectives de rémission quel que soit l’âge du sujet atteint.

Une application informatique ;

Les auteurs ont pris ces variables, calculé les scores qui leur sont attachés et développé une application informatique pour prédire la probabilité de rémission complète et le risque de mort prématurée, dans un groupe de 1 406 patients (âgés de 60 ans et plus) ayant une LAM et par ailleurs en bonne santé (German Acute Myeloid Leukaemia Cooperative Group). Ils avaient été traités par une chimiothérapie d’induction intensive. Les scores de prédiction des risques ont été ensuite validés sur une cohorte indépendante de 801 patients.

« Le calcul des scores pour la prise en charge de la leucémie aiguë myéloïde pourrait être une aide utile en particulier chez les patients ayant une probabilité a priori basse de rémission complète (moins de 25 % des cas). »

Les auteurs trouvent que la température, l’âge, une leucémie primaire plutôt que secondaire (à un traitement cytotoxique ou à un antécédent hématologique), l’hémoglobine, la thrombocytémie, le taux de fibrinogène et la concentration sérique de lactate déshydrogénase, sont associés de manière significative à une rémission complète ou à un décès prématuré.

La probabilité de rémission complète est fonction de la connaissance d’un risque cytogénique et d’un risque moléculaire, dans une cohorte comme dans l’autre.

Ils notent que 25 % des patients ayant un risque cytogénique élevé et à qui souvent on ne propose pas de traitement intensif ont une probabilité de 40 % de rémission complète. « Ce sous-groupe pourrait bénéficier potentiellement d’une approche intensive, d’autant qu’une transplantation de cellules souches au cours des rémissions est maintenant plus facilement disponible, y compris chez les plus de 60 ans. »

The Lancet, en ligne le 4 décembre 2010.

 Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8872