Une équipe française publie un effet expérimental remarquable du HDL-cholestérol utilisé comme traitement sur la réduction des complications hémorragiques de l’altéplase dans l’AVC. Un essai clinique est prévu en 2013. Le traitement de référence de l’AVC par thrombose est l’usage de l’altéplase (Actilyse), pour obtenir la dissolution du caillot. Ce qui permet une reperméabilisation de l’artère et une guérison dans 40 % des cas.
L’utilité du thrombolytique est limitée par les risques hémorragiques secondaires, en particulier la création d’un hématome à l’intérieur de l’infarctus. Si la guérison, concerne 40 % des cas (contre 20 % avec le placebo), il y a 6 % de complications hémorragiques (versus 0,6 % avec le placebo) conduisant à une aggravation neurologique ou au décès. Dans 20 % des cas l’hématome intra-infarctus cérébral est asymptomatique. La balance bénéfices-risques est globalement favorable et le thrombolytique est indiqué dans les recommandations de l’ANSM.
« Les effets pléiotropes sont considérables »
L’équipe du « service de neurologie et Centre d’accueil et de traitement de l’attaque cérébrale » de l’hôpital Bichat (Pr Pierre Amarenco, Dr Olivier Meilhac) travaille depuis 2008 sur les propriétés du cholestérol HDL, connu pour sa qualité de « bon cholestérol ».
Ces chercheurs ont publié dans « Stroke » en 2010 des données montrant que le HDL-C utilisé en traitement a des actions anti-inflammatoire, anti-protéase et anti-oxydante. « Les effets pléiotropes sont considérables », exprime au Quotidien le Pr Amarenco. Comme en neurologie, on recherche des traitements qui soient neuroprotecteurs, les chercheurs se sont posés la question à propos du HDL-cholestérol.
Une réduction de 90 % des hémorragies secondaires
Chez le rat, on a réalisé un AVC expérimental en obturant une artère sylvienne et injecté de l’altéplase au-delà du délai indiqué, en ajoutant ou non du HDL-C. La coadministration du HDL-C au thrombolytique permet de réduire de 90 % les hémorragies secondaires comparativement au traitement Actilyse seul.
Le Pr Amarenco utilise une image pour illustrer cet effet : « Le cerveau est protégé par la barrière hématoencéphalique comme par une barrière de corail. Une agression ischémique forme une brèche dans cette barrière, permettant une extravasation qui peut créer l’hématome intra-infarctus. Le HDL-C répare chez le rat cette brèche ».
Prochaine étape clinique
L’étape suivante va être clinique. Il faut savoir si on peut s’attendre aux mêmes effets dans l’AVC humain. On utilise pour cela du HDL-C purifié à partir de produits dérivés du sang par ultracentrifugation. Une étude devrait débuter en 2013 avec de 90 à 120 patients traités par Actilyse pour un AVC avec thrombose.
« Le HDL est une grosse molécule qui peut transporter beaucoup de choses avec elle. On ne sait pas si ce sont les molécules qu’il ramène ou bien l’apoA1, qui est le cœur du HDL, qui présente les effets positifs », explique P. Amarenco.
Il existe par ailleurs plusieurs sortes de HDL (HDL 1, 2, 3) et on doit s’intéresser à cela aussi. Il y a aussi des HDL dysfonctionnels, comme chez les patients diabétiques, qui ont un risque accru de complications secondaires à un traitement par thrombolytique. Chaque année, 150 000 personnes sont atteintes par un AVC en France.
Stroke, 19 février 2013.
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