IDM : la piste des hormones thyroïdiennes

Publié le 01/03/2013

Le « syndrome de T3 basse » fréquemment observé après infarctus du myocarde (IDM) est à l’origine d’une nouvelle piste thérapeutique en cardiologie. Au vu de résultats encourageants chez le rat, une équipe du New York Institute of Technology relance l’idée qu’une supplémentation en hormones thyroïdiennes au long cours pourrait améliorer le pronostic post IDM.

Fonction cardiaque préservée, perte limitée en cardiomyocyte, réseau artériolaire renforcé, les effets bénéfiques ont été constatés au niveau cellulaire chez l’animal après 8 semaines de supplémentation en T4 débutée au moment de l’IDM.

Fenêtre thérapeutique

Ces résultats confirment l’association forte constatée par le passé chez l’homme entre la correction des taux bas de T3 et la récupération cardiaque post IDM. Si les accidents cardiaques entraînent une diminution des hormones thyroïdiennes, un déficit en T3 au niveau cardiaque semble être en soi un facteur d’insuffisance cardiaque.

Les effets observés chez l’animal ne sont pas marginaux. À 8 semaines post IDM, la surface totale du ventricule gauche est augmentée de 34%, celle du territoire non infarci de 41% et l’épaisseur de ce dernier de 36%. « Notre objectif est désormais de déterminer si les bénéfices sont comparables chez l’homme », explique Martin Gerdes, l’auteur principal. La première étape est de déterminer quelle forme entre T3 et T4 est la plus efficace chez l’homme « de sorte qu’elle restaure la T3 cardiaque sans faire augmenter les taux sériques au-delà de la normale », précise-t-il.

Risque d’arythmie

De nombreux médecins ont déjà exprimé de grandes réserves sur l’utilisation potentielle des hormones thyroïdiennes dans cette indication en raison du risque augmenté d’arrythmie. Le chercheur, qui travaille sur l’insuffisance cardiaque depuis 35 ans, reste malgré tout confiant pour les essais cliniques : « Nous avons récemment mis au point une approche qui permet de restaurer la fonction de T3 au niveau cardiaque, tout en maintenant les taux sériques dans la norme. Cette approche devrait être valide également chez l’homme. »

Journal of Translational Medicine, 2013,11:40

Dr IRÈNE DROGOU

Source : lequotidiendumedecin.fr