SI LE RISQUE thrombo-embolique (RTE) veineux est augmenté par la grossesse, il l’est davantage après son obtention par fécondation in vitro (FIV). Le fait n’est pas nouveau, de nombreux cas cliniques et une récente étude parue en 2012 ont rapporté le RTE lié à la procédure. Une grande étude menée en Suède sur les registres nationaux de FIV et de naissance vient de confirmer ces résultats en particulier ce qui concerne le surrisque spécifique au cours du premier trimestre de grossesse, tout en affinant son calcul à l’aide d’une méthodologie précise.
L’équipe du Pr Peter Henriksson du Karolinska Institute retrouve un RTE significativement augmenté tout au long de la grossesse avec néanmoins des disparités selon le trimestre. Le RTE au cours du premier trimestre de grossesse après FIV serait multiplié par 4 par rapport aux grossesses standard (1,5/1 000 versus 0,3/1 000), et non par 10 comme le suggérait l’étude de Lindqvist et Rova en 2012 de façon plus alarmante. En revanche, si « le nombre total d’embolie pulmonaire (EP) reste faible en valeur absolue » (19 chez les 23 498 femmes ayant eu un enfant par FIV), le surrisque au premier trimestre est élevé, multiplié par un facteur 7 (3,0/10 000 versus 0,4/10 000).
Une FIV pour 5 grossesses naturelles.
Dans l’étude suédoise, chaque femme ayant eu une grossesse par FIV entre 1990 et 2008 (n = 23 498) était comparée à 5 autres ayant eu leur premier enfant de façon naturelle (soit 116 960 femmes témoins appariées au total) et, ce, la même année calendaire et au même âge. Ce dernier critère était important car il est bien établi que les femmes ayant recours à une FIV sont plus âgées en moyenne (33 ans dans l’étude) et que le RTE augmente avec l’âge. Pour retrouver certaines données maternelles (indice de masse corporelle avant la grossesse, statut marital, tabagisme, etc.), les chercheurs se sont appuyés sur le registre national des naissances. Quant aux données sur les accidents thrombo-emboliques veineux, ils ont recoupé les informations avec le registre national suédois.
Penser à l’embolie pulmonaire après une FIV.
Plusieurs observations méritent d’être notées. Si le RTE après FIV était augmenté pendant toute la grossesse, en particulier au cours du premier trimestre, il n’était pas augmenté avant la grossesse ni dans l’année ayant suivi l’accouchement, par rapport aux femmes n’ayant pas eu de FIV. Bizarrement, alors que le risque d’EP est le plus élevé dans la période du post-partum dans les grossesses naturelles, il l’est pour les FIV au cours du premier trimestre. Cette proximité temporelle suggère que « les changements induits par la procédure elle-même sont importants dans la physiopathologie ». L’hyperestrogénie induite par la phase de stimulation en est vraisemblablement la cause, puisque le taux d’estrogènes augmente très rapidement d’un facteur 10 à 100 après la stimulation. Comme les auteurs le soulignent, les médecins doivent être informés du surrisque d’EP après FIV, compte tenu « de symptômes (parfois) insidieux et du pronostic potentiellement fatal ».
BMJ 2013;346:e8632.
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