LA MORT SUBITE (MS) est définie comme un décès soudain, inattendu, de cause naturelle ou cardiaque, ayant entraîné une modification du statut cardiovasculaire une heure avant ou, dans les cas sans témoin, dans les 24 heures qui ont précédé un état normal. Chez plus de la moitié des victimes de mort subite, des anomalies génétiques ont été incriminées. Mais pour la première fois, une étude observationnelle suédoise montre que la MS du jeune augmente le risque de cardiopathie de toute cause, notamment chez les jeunes apparentés au 1er degré.
L’équipe du Dr Mattis Flyvholm Ranthe (Copenhague) a recensé les 6 231 décès survenus entre 2000 et 2006 chez des sujets âgés de 1 à 35 ans, dont 463 déclarés comme mort subite (MS) dont 178 confirmés par autopsie, ainsi que 5 707 non attribués à une mort subite (NMS). Ils ont examiné les apparentés du 1er et 2e degrés dans chacun de ces deux cohortes : 3 073 personnes pour la première (MS) dont 1 629 âgés de moins de 35 ans et 40 450 pour le deuxième groupe (NMS) dont 21 032 de moins de 35 ans.
Les parents du 1er degré sont les parents, les enfants, les frères et les sœurs, et les apparentés au 2e degré sont les demi-frères et sœurs, les grands-parents, les petits enfants, oncles et tantes, neveux et nièces.
Les auteurs ont ainsi examiné l’incidence des pathologies cardiovasculaires dans l’entourage de sujets décédés avant l’âge de 35 ans, de mort subite ou d’autre cause.
Après une période d’observation de 11 années, 292 pathologies cardiovasculaires ont été dénombrées contre 219 attendues dans la cohorte MS, soit un taux d’incidence (ratio entre l’incidence d’événements attendus dans la population générale et l’incidence des événements observés dans cette population spécifique) de 1,33 (IC 95 % (1.19-1.50).
Les risques varient beaucoup selon la tranche d’âge observée. Pour la cohorte MS, le risque de cardiopathie est multiplié par plus de 3 chez les moins de 35 ans (p ‹ 0,00001), par 1,59 pour les sujets de 35 à 60 ans et il est inférieur à 1 pour les plus de 60 ans. Quand on regarde par sous-groupe de pathologies, toujours chez les moins de 35 ans, il est multiplié par 6 pour les cardiopathies ischémiques, par 11 pour les cardiomyopathies et par 8 pour les arythmies ventriculaires. En revanche, les auteurs n’observent pas de différences statistiques entre hommes et femmes.
Risque majeur d’arythmie la première année.
Le taux d’incidence de pathologies cardiovasculaires est plus élevé pour les apparentés au 1er degré par rapport aux apparentés du 2e degré (1,49 ; IC à 95 %, 1,29-1,72 versus 1, 11, IC 95 %, 0,91-1,35, p = 0,016). Dans la cohorte MS, le risque de cardiopathie est multiplié par 4 pour un parent du premier degré âgé de moins de 35 ans et par 2 pour un parent du 2e degré ( p = 0,076). Les parents au 1er degré sont aussi plus victimes d’arythmies ventriculaires alors que le degré de parenté n’influence par le risque de cardiomyopathies.
Enfin, les auteurs constatent l’influence du temps, le danger étant plus élevé durant l’année qui suit le décès. Chez les moins de 35 ans de la cohorte MS, le risque durant la première année est considérable : augmenté de 11 fois pour toute cardiopathie, et de 40 fois pour les arythmies ventriculaires.
Hérédité.
L’ensemble de ces données va dans le sens d’une forte hérédité des pathologies cardiovasculaires. Concernant les maladies d’origine ischémique que l’on considère plutôt d’origine polygénique (et en dehors des hypercholestérolémies familiales à transmission autosomique dominante), le risque de cardiopathie ischémique ne semble influencé par une histoire familiale de MS que pour les moins de 35 ans, où il est multiplié par 6 chez les apparentés du 1er comme du 2e degré. À l’inverse, pour les cardiomyopathies et les arythmies auxquelles on attribue une transmission génétique monogénique, le risque est élevé dans toutes les tranches d’âges.
Enfin, le fait que les pathologies cardiovasculaires augmentent plus dans l’entourage d’une jeune victime de MS par rapport aux jeunes victimes non décédées de MS, montre que le phénomène n’est pas dû à des caractéristiques générales en réponse à un événement dramatique, mais bien aux caractéristiques spécifiques de la mort subite.
European Heart Journal doi : 10/1093/eurheart/ehs350
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