Les trois spécialistes des maladies cardiovasculaires interrogés par le Quotidien sur ce sujet expriment une certaine lassitude face à des remous plus médiatiques que scientifiques. Outre-Atlantique le Pr Stephen Kopecky, cardiologue de la Mayo-Clinic qui s’étonne de ce non-événement ( lire ci-dessous).
- Pr Albert Alain Hagège : Président de la Société française de Cardiologie : " une efficacité non discutable"
Il y a trois assertions dans ce livre qu’il faut démonter : l’excès de cholestérol est bien cause dans les maladies artérielles. Les maladies génétiques telles que l’hypercholestérolémie familiale monogénique multiplie le risque d’événement cardiovasculaire par 50 à100.
La deuxième nous dit que les statines n’ont aucun intérêt. Depuis 1994, on sait que dans le haut risque vasculaire, la prescription d’une statine dont l’efficacité n’est pas discutable, diminue de 30 % le risque de récidives. Il faut traiter 15 patients pour éviter un événement grave. Tout cela est très solide. Nous avons accumulé un niveau de preuves pour les statines très important.
Enfin, personne ne dit qu’il faut prescrire des statines à l’ensemble de la population. Les recommandations internationales ont défini des seuils d’intervention en fonction du niveau de risque. La cible est d’autant plus basse que le niveau est élévé : lorsque le risque est très faible on supporte des concentrations de cholestérol plus élevé.
Pour nous il n’y a pas de discussion possible : le haut risque cardiovasculaire est parfaitement décrit dans les recommandations et tout cela est publié.
Pr Joël Ménard : cardiologue, ancien Directeur Général de la Santé : " une mise en danger de certains patients"
«Je n’ai pas lu le livre de Philippe Even, mais j’estime que la présentation qui en est faite dans les journaux grand public datés du 14 février est susceptible de mettre en danger la vie de certains patients ».
Pr Eric Bruckert ( Endocrinologue, La Pitié-Salpêtrière, Paris) : " il ne s’agit pas d’une polémique scientifique"
Nous ne sommes pas face à une polémique scientifique mais à un événement médiatique. Premièrement, sur le rôle du cholestérol, il y a une cohérence et une concordance de toute une série d’études qui vont dans le même sens. De multiples études expérimentales montrent que l’augmentation de la concentration de cholestérol éléve le risque d‘évenement cardiovasculaire et, à l’inverse, et une baisse de la concentration a un effet protecteur.
Deuxièmement, les études épidémiologiques ont montré un lien curvilinéaire entre la concentration de cholestérol et les événements cardiovasculaires ; ce lien persiste après ajustement des autres facteurs de risque.
Troisièmement, les études génétiques montrent que toute augmentation du cholestérol quel que soit le facteur génétique responsable est associé à une augmentation parallèle du risque cardiovasculaire.
Et enfin, les méta-analyses, notamment celle de Law publiée en 2003 dans le BMJ, montrent que la réduction du cholestérol avec la diététique ou les médicaments est associée à une baisse significative des événements cardiovasculaires. Même si tout peut être discuté en médecine, le niveau de preuves sur le lien causal entre cholestérol et maladies cardiovasculaires est considéré comme le plus élevé qui soit. L’arrêt d’une statine chez un sujet à haut risque expose à une récidive d’événement.
Cet ouvrage est une telle négation des évidences qu’il est parfois difficile d’y répondre.
* "La vérité sur le cholestérol". Edition du Cherche-Midi
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