PAR LES Drs FREDERIC SCHNELL ET ERWAN DONAL*
L’ECHOCARDIOGRAPHE ultraportable ou « stéthoscope ultrasonore » est un nouvel outil qui a surtout été évalué dans l’objectif de réaliser des échoscopies rapides permettant de décharger les laboratoires d’échocardiographies des multiples examens normaux.
David T. Ahn et son équipe (San Diego) ont analysé l’intérêt de l’utilisation de ces appareils par des opérateurs peu expérimentés guidés à distance par un opérateur confirmé, les images étant transmises par Wi-Fi via un iPad. L’échoscopie visait à diagnostiquer une dysfonction ventriculaire gauche systolique, une dilatation atriale, un œdème pulmonaire interstitiel ou une élévation des pressions de remplissage. Les résultats montrent une bonne corrélation avec ceux obtenus par une échocardiographie classique réalisée par un opérateur entraîné.
K. Bonzheim et coll. (Beaumont Hospital, Royal Oak) ont testé cet appareil en complément de la consultation de non-contre-indication de jeunes athlètes. Celle-ci comportait un questionnaire, un examen clinique, un ECG et, en cas de doute, une échoscopie grâce à un échographe ultraportable, tout cela pour un coût de 7,84 dollars par athlète. Sur 5 861 sportifs étudiés, 740 avaient un ECG pathologique et 467 ont eu une échoscopie qui a été normale dans 418 cas. L’ajout de l’échoscopie a permis de diminuer de 90 % le nombre de faux positifs détectés par la réalisation du seul ECG.
L’échocardiographie 3D.
Oliver Husser et coll. (Regensburg) ont évalué les performances de l’échographie transœsophagienne (ETO) 3D pour mesurer le diamètre de l’anneau aortique avant un remplacement valvulaire aortique percutané, paramètre qui conditionne le choix de la prothèse. Les données de l’ETO 2D et 3D ont été comparées chez 49 patients. Une bonne corrélation entre les deux techniques a été constatée, mais avec une sous-estimation de 1,2 mm en moyenne en 2D. La variabilité interobservateur était moindre en 3D et il existait une différence dans la taille de prothèse prédite dans 24 % des cas. La taille de la prothèse finalement utilisée lors de la procédure était mieux prédite en 3D (90 % contre 70 % en 2D).
Victor Mor-Avi et coll. (Chicago) ont évalué l’intérêt de l’échographie transthoracique (ETT) 3D dans la détermination du volume de l’oreillette gauche, un important marqueur d’événement cardio-vasculaire. L’étude, multicentrique, a comparé l’ETT 3D temps réel et 2D à l’IRM sur un effectif de 42 patients. La 3D était mieux corrélée avec l’IRM, la 2D conduisant à une nette sous-estimation de la taille de l’oreillette gauche.
En 2D comme en 3D, l’échogénicité peut être optimisée par les produits de contraste. Quelques communications ont vanté les mérites de l’utilisation de produits de contraste ultrasonore, tant pour améliorer le contraste endocavitaire que pour évaluer la perfusion myocardique. V. Suma a rappelé la bonne sécurité d’emploi du produit de contraste ultrasonore, même chez les patients ayant une hypertension artérielle pulmonaire sévère.
Evaluation des fonctions ventriculaires gauches systolique et diastolique grâce au 2D strain.
De nombreuses communications ont été consacrées à l’étude des déformations myocardiques.
L’équipe de Thomas Marwick (Cleveland Clinic) a démontré que le strain et le strain rate permettent de prédire à 6 mois une altération de plus de 10 % de la FEVG 12 mois après le début de la chimiothérapie chez des patientes présentant un cancer du sein. Cela confirme la plus grande sensibilité de cette technique qui permet de mettre en évidence des altérations subtiles de la fonction systolique avant qu’elles ne retentissent sur la mesure de la FEVG.
Une étude multicentrique dirigée par Otto A. Smiseth a suggéré que la « dispersion mécanique » évaluée en 2D strain serait un marqueur prédictif d’arythmie ventriculaire en postinfarctus indépendant de la FEVG. Cet outil permettrait de sélectionner des patients pouvant tirer bénéfice d’un défibrillateur automatique implantable malgré une FEVG › 35 %.
Les travaux sur l’asynchronisme continuent, notamment l’évaluation des asynchronismes mécaniques intraventriculaires gauche pour prédire le risque rythmique. Noriaki Iwahashi et coll. (Yokohama) ont montré que la désynchronisation ventriculaire gauche étudiée par strain 3D était un facteur prédictif de remodelage ventriculaire gauche postinfarctus à 12 mois.
Le speckle tracking s’attaque, dans de petits travaux, à l’étude de la diastole et des pressions de remplissage du ventricule gauche.
Shuo-Ju Chiang et coll. (Taiwan) ont utilisé le strain imaging diastolic index pour étudier les pressions de remplissage du ventricule gauche. Leurs résultats montrent qu’il est bien corrélé avec la PTDVG mesurée de manière invasive et sa supériorité sur les paramètres classiques d’évaluation de la fonction diastolique (onde E, E/A, e’ et E/e’). La faisabilité pratique reste à démontrer.
*Service de cardiologie et maladies vasculaires, CHU Pontchaillou, Rennes.
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