« Il s’agit des premières données françaises sur l’évolution de l’incidence de l’infarctus du myocarde (IDM). Globalement, le principal enseignement est la baisse générale de l’incidence des infarctus ayant donné lieu à une hospitalisation, en particulier chez les plus de 65 ans. Avec un élément qui reste préoccupant : chez les femmes jeunes, l’incidence de l’infarctus du myocarde est à la hausse », constate le Pr Nicolas Danchin, chef du service des maladies coronaires de l’Hôpital européen Georges Pompidou (HEGP) à Paris. Le Pr Danchin a cosigné (1) une étude publiée en novembre dernier, dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) sur les « Personnes hospitalisées pour infarctus du myocarde en France : tendances 2002-2008 ». Une étude conduite par l’Institut de veille sanitaire, avec la collaboration de l’HEGP et de l’assurance-maladie. Les données ont été extraites des bases nationales des résumés d’hospitalisation en court séjour. Les événements ont été sélectionnés à partir du diagnostic principal et seuls les premiers séjours annuels de chaque patient ont été conservés. Premier constat : en 2008, 56 100 personnes ont été hospitalisées pour infarctus du myocarde en France : 37 200 hommes et 18 900 femmes. Les taux standardisés sur l’âge étaient presque 3 fois plus élevés pour les hommes que pour les femmes (120,4 versus 43,2 pour 100 000) en raison de la plus grande précocité des IDM masculins. Autre constat : entre 2002 et 2008, le nombre global de personnes hospitalisées pour IDM a diminué de 7,4 % et le taux standardisé sur l’âge, de 17,2 %. Les taux ont diminué pour les hommes de moins de 65 ans, ainsi que pour les femmes et hommes plus âgés. Mais ils ont significativement augmenté pour les femmes d’âge compris entre 35 et 54 ans. « Ces évolutions, dans l’ensemble favorables, à l’exception des femmes jeunes, devront être confirmées par la poursuite de la surveillance épidémiologique des infarctus du myocarde et, plus largement, des pathologies coronaires aiguës, ainsi que de leurs facteurs de risque dans les différentes classes d’âge », écrivent les auteurs de l’étude. Pour le Pr Danchin, un premier élément intéressant concerne les données standardisées à partir de l’âge des patients. « Sur la période concernée, on constate une baisse marquée (-22,4 %) de l’incidence des IDM ayant donné lieu à une hospitalisation chez les patients de plus de 65 ans. Cette baisse se retrouve tant chez les hommes (-22,7 %) que chez les femmes (-23,7 %). Cette évolution témoigne d’un certain succès de la prévention primaire menée dans cette population relativement âgée. Chez ces hommes et chez ces femmes, on a eu le temps, visiblement, de repérer un certain nombre de patients hypertendus ou hyperlipidémiques, qui ont pu bénéficier de judicieux conseils de prévention », souligne le Pr Danchin. Mais selon lui, ce travail s’est révélé, pour l’instant moins efficace chez les patients plus jeunes. « Chez les hommes de moins de 65 ans, il y a certes une baisse de l’incidence de l’IDM mais elle est deux fois moins importante. Il est probable que, dans cette tranche d’âge, on a moins le temps de repérer certains facteurs de risque et de faire de la prévention », note le Dr Danchin. Mais l’élément le plus notable est l’augmentation de l’incidence des IDM chez les femmes de 35 à 54 ans. « Cette évolution est clairement liée à l’augmentation continue du tabagisme chez les femmes jeunes. C’est quelque chose que nous avons constaté dans nos différentes enquêtes spécifiques sur l’infarctus sur la période 1995-2010. On constate que, parmi la population des femmes hospitalisées pour un infarctus, la proportion de femmes de moins de 60 ans a plus que doublé, passant de 11,8 % en 1995 à 25,5 % en 2010. Nos enquêtes montrent aussi une nette augmentation de la proportion de femmes, qui étaient fumeuses au moment de leur infarctus : c’était le cas, en 1995, de 37,5 % des femmes de moins de 60 ans. En 2010, c’était le cas de 70 % de ces femmes », souligne le Pr Danchin, en insistant sur la nécessité de renforcer les messages en direction du grand public sur ce risque de l’infarctus qui, « trop souvent, n’est pas perçu comme un risque pouvant concerner les femmes ».
D’après un entretien avec le Pr Nicolas Danchin, chef du service des maladies coronaires de l’Hôpital européen Georges Pompidou (HEGP) à Paris
(1) avec Christine de Peretti, Francis Chin, Philippe Tuppin. Étude publiée dans le BEH n° 41, 6 novembre 2012
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