LE QUOTIDIEN. Combien existe-t-il d'USIC actuellement ?
Pr BONNEFOY. On recense aujourd’hui environ 270 USIC en France. On trouve une unité de ce type dans quasiment tous les hôpitaux ayant un service de cardiologie. La cardiologie est la spécialité avec de très loin le plus grand nombre de séjours (290 000) et de lits (2 800) de soins intensifs. Il existe aussi des USIC en milieu libéral .
Un décret visant à réorganiser l'univers des soins critiques devrait sortir prochainement. Que faut-il en attendre ?
Ce décret est en cours d’élaboration depuis 2018, mais les travaux ont été retardés à cause de la crise du Covid-19. Aujourd’hui, on entre dans la dernière phase de rédaction de ce texte qui modernise les soins critiques en remettant en cause les unités de surveillance continue au profit des soins intensifs.
Avec ce décret, les USIC vont devenir des entités hospitalières soumises à autorisation. Pour le reste, on ne s’attend pas à ce que le texte change de façon radicale le mode d’organisation des USIC, que ce soit au niveau du personnel paramédical, des gardes ou de la permanence des soins, même si on continue d’espérer un renforcement des équipes paramédicales la nuit . Il faudra surtout qu’on soit attentif aux forfaits de financement de ces unités si on doit intégrer des activités qui, jusque-là, ne relevaient pas de ce forfait.
Quels sont les patients pris en charge au sein de ces unités ?
Au fil des ans, le profil des patients pris en charge dans les USIC a sensiblement évolué. Il y a dix ans, il s’agissait d’unités très largement coronariennes où on prenait en charge des post-infarctus et des syndromes coronariens aigus. Mais depuis quelques années, l’activité de ces unités s’est un peu rééquilibrée et aujourd’hui, selon les travaux du Pr François Roubille (Montpellier), on y traite 40 % des patients coronariens, 30 % d’insuffisance cardiaque et 30 % de troubles du rythme ventriculaire et supraventriculaire.
Comment réagit la profession face à ces nouvelles structures ?
Cette activité des soins intensifs suscite un intérêt très marqué des jeunes cardiologues. À tel point que le diplôme d’université, qui a été mis en place depuis plusieurs années au niveau régional, va devenir prochainement national et nous créons un diplôme de soins intensifs paramédical. C'est notamment grâce au travail réalisé par le groupe Urgence et soins intensifs de cardiologie, mis en place au sein de la Société française de cardiologique. C’est un groupe très dynamique, qui fourmille d’idées sous l’impulsion de jeunes cardiologues motivés et qui s’investissent beaucoup.
Qu'est-ce qui motive les jeunes cardiologues ?
L’importance de la relation humaine avec les patients et les familles intéresse fortement les jeunes cardiologues. Pour nos patients, c’est quelque chose de très stressant que cette confrontation brutale avec l’univers des USIC. Par exemple, après un infarctus, des personnes qui vivaient tout à fait normalement se retrouvent en une ou deux heures admis dans ces unités. Et c’est un lieu où les praticiens doivent essayer de faire preuve d’une particulière humanité même si cela n’est pas toujours facile car il faut agir vite dans un environnement très technique. C'est cet aspect relationnel qui intéresse fortement les jeunes générations. On le constate chaque année lors du congrès USIC où il y a, à coté d’éléments techniques très intéressants, beaucoup de retours d’expérience sur ces aspects relationnels.
Les USIC sont-elles impliquées dans la recherche ?
Elles tiennent un rôle important en recherche clinique. Les connaissances actuelles sur la phase aiguë de l’infarctus du myocarde ou de l’insuffisance cardiaque aiguë proviennent de ces unités. Ces dernières années, d’importants registres ont été mis en place. On peut citer Frenshock animé par le Dr Clément Delmas, au CHU de Toulouse, qui vise à mieux décrire les chocs cardiogéniques en France. Ou le projet « addicto Usic » lancé par le Dr Théo Pezel et le Pr Patrick Henry à l'hôpital Lariboisière, pour évaluer la prévalence et l’impact pronostique de la consommation de toxiques et de médicaments addictifs par les patients admis dans les USIC.
D’après un entretien avec le Pr Éric Bonnefoy, chef du plateau urgences et soins intensifs cardiologiques à l’hôpital Louis Pradel de Lyon.
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