Le Quotidien du Médecin. Des unités spécialisées dans le diagnostic des syncopes voient le jour. Pourquoi ce développement ?
Pr Jean-Claude Deharo. La syncope est un symptôme aujourd’hui pris en charge de façon très hétérogène, par les médecins généralistes et différents spécialistes, notamment des cardiologues et des neurologues. Or, la syncope stricto sensu n’a que trois origines possibles : cardiaque (bloc auriculoventriculaire, arythmie…), vasculaire (hypotension orthostatique due à la prise de médicament ou d’origine neurologique) et réflexe, avec bradycardie et vasoplégie. Il s’agit donc d’étiologies qui concernent plutôt le cardiologue. L’idée est de proposer un chemin au patient orienté sur la prise en charge de cette pathologie très fréquente. Les syncopes touchent 3,5 % de la population, elles récidivent dans 30 % des cas et elles motivent entre 1 et 6 % des consultations aux urgences. La création d’unités de syncope avait été préconisée dans les recommandations européennes de 2009. Puis un document consensuel de l’European heart rhythm association (EHRA) publié en 2017 a défini le cadre de ces unités, qui sont recommandées de façon formelle par la Société européenne de cardiologie depuis mars 2018 (1).
En pratique, qu’est-ce qu’une unité de syncope ?
Pr J.-C.D. Il n’y a pas un seul modèle, mais en général il s’agit d’une unité de type plateau technique, avec une personne qui centralise les informations. A minima, un médecin spécialiste de la syncope s’appuie sur un réseau informel. Dans les formes les plus abouties, une équipe pluridisciplinaire dispose de locaux dédiés. A la Timone à Marseille, l’unité a été créée en 2008 au sein du service de rythmologie. Elle fonctionne grâce à un médecin spécialement formé qui travaille uniquement pour cette unité, aidé par une équipe paramédicale partagée. Après l’évaluation initiale faite selon les recommandations, le patient peut bénéficier d’examens complémentaires cardiologiques, ou d’un avis spécialisé (cardiologue ou neurologue). Les patients sont adressés principalement par les urgences, où ils se voient proposer un rendez-vous dans cette unité dans les 7 jours, sauf bien sûr lorsqu’un avis cardiologique est nécessaire immédiatement. Mais l’unité est aussi accessible aux patients adressés par les médecins généralistes et les cardiologues ou autres spécialistes libéraux ou hospitaliers.
Quel est l’intérêt de ces unités ?
Pr J.-C.D. Avant tout, pour le patient, le fait d’être évalué en quelques heures, sans qu’il y ait besoin, le plus souvent de l’hospitaliser. De plus, lui donner un rendez-vous dans des délais très rapides permet en effet d’éviter des hospitalisations inutiles. Et pour le système de santé ce sont bien sûr des économies. Ces unités, quel que soit leur mode d’organisation, ont fait la preuve de leur efficacité en termes de diagnostic et de réduction des coûts.
Quelle est la prochaine étape ?
Pr J-C.D. Il faut maintenant que de nombreux centres hospitaliers développent ce type d’unités. La mise en place prochaine d’un diplôme interuniversitaire devrait permettre de faciliter la formation du personnel dédié et in fine d'améliorer le maillage au niveau national.
(1) https://www.escardio.org/Guidelines/Clinical-Practice-Guidelines/Syncop…
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