L’augmentation des chiffres de pression artérielle avec l’âge est maintenant bien documentée mais une nouvelle contribution publiée dans Archives of Internal Medicine suggère de repenser différemment l’hypertension artérielle comme facteur de risque cardiovasculaire chez les personnes de plus 65 ans et fragiles. La vitesse de marche serait un meilleur paramètre que l’âge pour fixer les objectifs tensionnels.
Michelle C. Odden ( San Francisco, Etats-Unis), première auteure de la publication, a analysé les corrélations entre élévation des chiffres tensionnels et mortalité, en fonction de la vitesse de marche sur un échantillon représentatif de la population américaine âgée de plus de 65 ans. Selon l’auteure, la vitesse de marche est une très bonne mesure de l’état de santé général, puisqu’elle dépend de nombreux organes et est très corrélée à la mortalité.
Le seuil : 0,8 mètres par seconde
Deux mille trois cents quarante participants de plus de 65 ans issus de la cohorte NHANES ont été enjoints de marcher à leur rythme habituel sur une distance totale de 6 mètres. Ceux (1307, 56 %) qui marchaient à plus de 0,8 mètres/sec (2,88 km /h) ont été classés marcheurs « rapides » ; ceux qui marchaient à une vitesse inférieure à 0,8 m/sec étaient considérés comme marcheurs « lents » (790, 34 %) ; le troisième et dernier groupe était représenté par ceux qui ne tenaient pas la distance... soit 243 personnes (10 %).
Globalement, les « marcheurs rapides » étaient plus robustes : significativement plus jeunes (72 ans versus 77 ans, p‹0,001), moins en surpoids ( p=0,01) et avec moins de pathologies associées (diabète, AVC, insuffisance cardiaque, p ‹0,001).
Dans cette population, l’association entre PA élevée et mortalité varie en fonction de la vitesse de marche : une pression artérielle systolique élevée est associée avec un excès de mortalité seulement chez les « marcheurs rapides ou moyens ». Ce qui, selon l’auteure, corrobore les résultats des 2 grands essais d’intervention chez les sujets âgés et très âgés, SHEP et HYVET, qui démontraient pour le second un bénéfice du traitement antihypertenseur sur la mortalité toute cause des sujets de plus de 80 ans mais en relative meilleure santé que la population générale.
En revanche, chez les « marcheurs lents » aucune association n’a été retrouvée ; de façon plutôt surprenante, la corrélation est même inverse : plus les chiffres tensionnels sont élevés, plus le taux de mortalité est bas.
Maintenir la perfusion du cœur en diastole
Selon l’explication avancée par les auteurs, chez les sujets âgés « fragiles », l’augmentation tensionnelle serait un mécanisme nécessaire et compensateur pour maintenir la perfusion des organes vitaux, en particulier, le cœur (perfusé en diastole). Ils recommandent parallèlement de quelques précautions chez les sujets âgés fragiles ou en institution avant de traiter trop agressivement une hypertension artérielle et d’intégrer la vitesse de marche dans les évaluations gériatriques.
Dr A.T.-M.
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