« L’INSUFFISANCE CARDIAQUE reste largement sous-diagnostiquée et est aussi l’objet d’un surdiagnostic », a rappelé le Pr Franck Peacock. Les erreurs de diagnostic concernent un patient sur six, liées à la médiocre sensibilité des critères cliniques, dyspnée, orthopnée, râles bronchiques… Ceci a conduit à recourir au dosage des peptides natriurétiques ANP, BNP, CNP ou encore urodilatine. Le BNP est plus un témoin du stress pariétal qu’un marqueur de l’insuffisance cardiaque. L’augmentation du stress pariétal sous l’effet d’une surcharge de volume ou de pression stimule la synthèse de la pré-hormone proBNP et la sécrétion de BNP par les cardiomyocytes. Les études ont confirmé l’intérêt du dosage de BNP et proBNP chez les patients présentant une dyspnée ou des œdèmes par exemple, des taux élevés permettant de faire le diagnostic différentiel avec une bronchopneumopathie chronique obstructive notamment. « Mais il y a des pièges, a insisté le Pr Peacock. En particulier, les taux de BNP diminuent chez les patients en surpoids ou obèses ; il faut donc réduire de moitié les seuils habituellement utilisés. Un seuil de 54 pg/mL chez les sujets ayant un IMC supérieur à 35 a été proposé par Daniels et al. (1). À l’inverse, les taux de BNP augmentent lorsque la clairance de la créatinine diminue et il faut alors doubler les seuils. Et paradoxalement, le BNP peut être abaissé en cas d’insuffisance rénale terminale ». Les dosages du BNP et proBNP, réalisé dans des conditions correctes (en moins de 60 minutes), améliorent la performance diagnostique, avec 81,5 % de bon diagnostic en cas de recours à la clinique associée à ces dosages versus 74 % en se fondant sur les seuls critères cliniques. Les dosages réduisent également l’indécision diagnostique, de 43 % avec la seule clinique à 11 % avec les dosages du BNP. Cette meilleure pertinence diagnostique permet d’éviter des hospitalisations inutiles. Les taux de BNP sont également corrélés au pronostic et plusieurs études publiées récemment (2) et la méta-analyse de Li et al. (Heart, Lung, Circulation, sous presse) soulignent l’intérêt d’une stratégie thérapeutique guidée par les taux de BNP : taux moindre d’hospitalisations pour insuffisance cardiaque (RR 0,75) et réduction de la mortalité (RR 0,83).
D’après la communication du Pr W.F. Peacock (Houston, États-Unis), lors de la session « Biomarkers in heart failure : update 2013 ».
(1) Am Heart Journal 2006;151:999-1005.
(2) Ledwidge et al. JAMA 2013;310(1):66-74.
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