Les biothérapies à l'AHA

Quels sont les effets cliniques des thérapies cellulaires?

Publié le 18/01/2018
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Crédit photo : Phanie

Deux essais randomisés contre placebo ont étudié l’effet de l’administration intracoronaire de cellules-souches allogéniques, l’un sur des cardiomyopathies ischémiques (étude ALLSTAR), l’autre sur des cardiomyopathies dilatées associées à la maladie de Duchenne (étude HOPE-Duchenne). Un essai randomisé contre placebo et/ou exercice a étudié l’effet de l’administration intraveineuse du facteur de stimulation des granulocytes – macrophages (GM-CSF pour granulocyte-macrophage colony stimulating factor) sur l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs – AOMI (étude PROPEL).

Quel est l’impact des cellules-souches ?

L’étude ALLSTAR a randomisé 142 patients entre 1 et 12 mois après un infarctus du myocarde avec pour critère primaire l’évolution de la taille d’infarctus mesurée par IRM à 12 mois. À l’issue des 12 mois, les deux groupes ont vu diminuer la taille de l’infarctus sans différence entre le groupe cellules-souches et le groupe placebo. Bien que le résultat de cette étude soit négatif sur le critère primaire, les auteurs ont pu constater une moindre augmentation du volume télédiastolique du ventricule gauche à 12 mois, témoignant d’un possible effet préventif des cellules-souches sur le remodelage ventriculaire postinfarctus.

De son côté, l’étude HOPE-Duchenne a randomisé 25 hommes d’un âge moyen de 18 ans atteints de cardiomyopathie dilatée associée à une myopathie de Duchenne. Les patients ont été randomisés en deux groupes : cellules-souches ou soins standards avec ici encore, un critère primaire basé sur l’évolution structurelle du myocarde à 12 mois en IRM. À l’issue des 12 mois, les patients du groupe cellules-souches ont vu une diminution de la taille de la cicatrice fibreuse et une augmentation de l’épaisseur de la paroi postérieure du myocarde en IRM, non retrouvée dans le groupe de soins standards. Ces modifications structurelles du myocarde s’accompagnent d’une amélioration des performances musculaires des membres supérieurs dans le groupe cellules-souches, paramètre qui figure parmi les critères secondaires de l’étude.

Rôle du GM-CSF sur l’AOMI ?

Enfin, forts des résultats des précédentes études dans le domaine des biothérapies, les auteurs de l’étude PROPEL ont choisi de se concentrer sur les effets paracrines des cellules-souches en faisant le choix de l’administration de facteurs de stimulation. C’est en partant de l’hypothèse d’un rôle bénéfique du facteur de stimulation des granulocytes – macrophages (GM-CSF) sur l’AOMI que l’étude PROPEL a randomisé 210 patients en quatre groupes : GM-CSF + exercice, GM-CSF seul, exercice + placebo et placebo seul. Le critère primaire était l’évolution du test de marche des 6 minutes 12 semaines après randomisation. Cette étude confirmait le bénéfice de l’exercice sur les performances du test de marche des 6 minutes des patients atteints d’AOMI mais ne retrouvait aucun effet du GM-CSF, qu’il soit administré seul ou combiné à l’exercice.

Les résultats de ces trois études, sans répondre aux attentes de régénération tissulaire que l’on attend des biothérapies, laissent entrevoir la possibilité d’un ralentissement voire d’une réversibilité du remodelage ventriculaire dans l’insuffisance cardiaque avec dysfonction systolique. Les effets cliniques de ces biothérapies, notamment dans le domaine de l’AOMI, se font encore attendre, et la sollicitation de facteurs physiologiques comme l’exercice restent encore le traitement le plus efficace sur les capacités fonctionnelles.

Dr Olivier Lairez

Source : lequotidiendumedecin.fr