L’étude observationnelle du registre national porte sur tous les mélanomes et cancers du poumon diagnostiqués au Danemark entre 2011 et 2017, traités par immunothérapie. Le suivi va jusqu'en 2017. Tous les patients ayant reçu au moins une dose d'immunothérapie ont été retenus. Ils ont été divisés en deux groupes, selon qu’ils étaient sous anti-CTLA4 ou sous anti-PD1. Au total, l'analyse porte sur près de 26 000 patients souffrant de cancer pulmonaire et près de 14 000 patients d’un mélanome.
L’hypertension artérielle, comorbidité la plus fréquente
Les sujets ayant un cancer pulmonaire ont 71 ans d'âge médian et la moitié sont des femmes. Parmi eux, l'hypertension artérielle (HTA, 37 %), la bronchopneumopathie obstructive (BPCO, 19 %) et le diabète (13 %) constituent les comorbidités les plus fréquentes. Seuls 8 % ont un antécédent d'infarctus, 7 % une insuffisance cardiaque (IC), 4 % une maladie artérielle périphérique et 14 % une arythmie.
Les sujets porteurs d'un mélanome sont plus jeunes. Leur âge médian est de 60 ans et 55 % sont des femmes. Leurs comorbidités sont moins fréquentes (HTA : 22 %, diabète : 7 %). C'est aussi vrai en terme cardiaque avec 3 % d'antécédent d'infarctus, 2 % d'IC, moins de 1 % de maladies artérielles périphériques et 8 % d'arythmies.
Parmi les 26 000 cancers pulmonaires, 743 patients (67 ans d'âge médian) ont été traités par anti-PD1. Parmi les 14 000 mélanomes, 145 patients ont reçu un anti-PD1 et 212 un anti-CTLA4. Ils ont respectivement 62 ans et 67 ans d'âge médian.
Un excès d'évènements cardiaques sous anti-PD1 et anti-CTLA4
Après la première administration d'un anti-PD1, le suivi moyen était de 164 jours pour le cancer pulmonaire et de 326 jours dans le mélanome. Il atteignait 315 jours après la première administration d'un anti-CTLA4 pour mélanome. Les résultats mettent en évidence un risque accru significatif (p < 0,02) d'évènements cardiovasculaires après immunothérapie dans ces trois groupes de patients dans les six premiers mois et aussi ensuite, donc à court et moyen terme. Les évènements cardiaques représentent un critère combiné associant les infarctus du myocarde, arythmies, péri- ou myocardites, IC et décès cardiaques.
Sous anti-PD1, ce risque relatif (RR) est dans les six premiers mois de 2,14 dans le cancer pulmonaire et de 4,30 dans le mélanome. Avec les anti-CTLA4, il atteint 4,93 dans le mélanome. Passés les six premiers mois, un surrisque persiste. Il est alors de 2,26 sous anti-PD1 dans le cancer pulmonaire et de 2,46 dans le mélanome. Enfin, il atteint 3,48 pour les anti-CTLA4 dans le mélanome.
Ses résultats montrent qu’« en vie réelle, chez les sujets souffrant de mélanome ou de cancer pulmonaire, ces inhibiteurs de checkpoint majorent singulièrement le risque d'événements cardiaques à court et moyen terme », concluent les auteurs.
(1) D’Souza M et al. The risk of cardiac events in patients receiving immune checkpoint inhibitors: a nationwide Danish study . European Heart Journal 2020, ehaa884, https://doi.org/10.1093/eurheartj/ehaa884
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