Un enfant ayant une pression artérielle élevée a de grands risques de devenir un adulte hypertendu. Par ailleurs, une HTA, même modérée, est un facteur de risque majeur de développement d’athérosclérose et de pathologie cardiovasculaire.
Or, chez l’enfant, la mesure de la pression artérielle est trop souvent oubliée. Elle devrait systématiquement faire partie de l’examen clinique de tout enfant de 3 ans ou plus, vu dans le cadre d’une consultation médicale avec au minimum, une mesure une fois par an. Une attention particulière doit être portée aux sujets à risque de développer une maladie hypertensive, comme les enfants obèses ou ceux qui ont des antécédents de maladie rénale.
Une bonne technique de mesure.
Pour être fiable, la mesure de la pression artérielle nécessite un matériel adapté à l’âge et une bonne technique. Le brassard utilisé doit être adapté à la taille du bras de l’enfant. L’utilisation d’un brassard trop petit peut en effet conduire à des valeurs faussement élevées, et réciproquement. Le brassard doit couvrir au moins les 2/3 de la hauteur du bras (entre acromion et olécrane). La largeur de la partie gonflable du brassard doit couvrir au moins 40 % de la circonférence du bras mesurée à mi-distance entre l’acromion et l’olécrane, et sa longueur doit être de 80 à 100 % de la circonférence du bras. Le stéthoscope, placé en regard de l’artère humérale au pli du coude, ne doit pas être recouvert par le brassard. La mesure doit être effectuée après une période de repos de 3 à 5 minutes dans une ambiance calme, chez un enfant en position confortablement assise, ou en décubitus dorsal.
Les valeurs tensionnelles physiologiques varient avec la croissance. Les valeurs normales durant l’enfance ne sont pas définies en fonction du risque comme c’est le cas chez les adultes, mais de manière statistique par comparaison avec des groupes d’enfants témoins sains, de même âge et de même taille. Des courbes de référence pédiatriques ont été établies notamment en Europe, comme par exemple dans le cadre de l’étude allemande KiGGS (1).
Une HTA secondaire ?
Plus l’enfant est jeune, et/ou plus l’HTA est importante, plus le risque d’une HTA secondaire est important. Il faut alors s’acharner à retrouver une cause et l’adresser en consultation spécialisée. L’HTA essentielle est un diagnostic d’élimination chez l’enfant. On le pose après avoir exclu les causes d’HTA secondaire. Sa fréquence tend à augmenter depuis plusieurs années, en particulier chez les adolescents, du fait notamment de l’augmentation de la prévalence de l’obésité. Les études longitudinales dites de « tracking » ou de « cheminement » ont montré que l’hypertension artérielle primitive de l’adulte prend ses racines dans l’enfance et l’adolescence (2). Elle est également un facteur de risque de maladies cardiovasculaires à l’âge adulte. C’est la raison pour laquelle l’HTA essentielle de l’enfant ne doit pas être négligée.
En raison du risque de complications à long terme, l’HTA confirmée de l’enfant doit être traitée, et les autres facteurs de risque cardiovasculaire également pris en charge (dyslipidémie, intolérance aux hydrates de carbone, tabagisme). La réalisation d’études pédiatriques a permis d’augmenter le nombre des hypotenseurs à disposition, cependant, ces études réalisées à court terme ne résolvent pas la question de tolérance à long terme de ces traitements chez un être en développement. En pratique, les traitements de première ligne sont les médicaments inhibiteurs du système rénine-angiotensine (IEC et ARA2), les antagonistes calciques et les bêtabloquants.
(2) Ingelfinger JR. Clinical practice. The child or adolescent with elevated blood pressure. N Engl J Med 2014; 370: 2316–2325.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024