« Nous avons besoin d’une équipe de trois personnes sur place pour assurer la continuité des soins (un chirurgien, une anesthésiste, une sage-femme) et avec notre partenaire, un logisticien et un coordinateur médical. Il faut aussi une équipe fixe pour la médecine de proximité et l’obstétrique de base. Mais nous avons besoin de chirurgiens, car nous pouvons pratiquer plus de 10 césariennes par jour », lance Dr Jean-Luc Chuzel, vice président d’Humaniterra international, une ONG née à Marseille en 1998 et spécialisée en chirurgie humanitaire.
Après une mission exploratoire, l'association va ouvrir un point focal de chirurgie pour venir en aide notamment aux femmes enceintes réfugiées au Bengladesh. Humaniterra qui intervient au Bengladesh depuis 2006, pour opérer bénévolement les plus pauvres des plus pauvres, ne pouvait rester indifférente au drame humain qui se joue dans les camps de réfugiés Rohingyas.
L'association envoie entre huit et dix missions chirurgicales chaque année, sur deux bateaux chirurgicaux, équipés de blocs opératoires, dans la partie nord, et la partie centrale du delta du Bangladesh.
Un camp de 600 000 personnes
« Nous avons été interpellés par le problème des Rohingyas comme citoyens d’abord mais aussi parce qu’effectivement nous connaissons le Bengladesh, explique le Dr Chuzel. Nous avons mené une mission exploratoire au mois de novembre pour découvrir l’ampleur de qui se passe dans ce camp de 600 000 personnes, le plus grand rassemblement de population qui s’est créé en trois mois, un camp monstrueux au vrai sens du terme, avec tous les problèmes d’hygiène, eau contaminée etc. qui vont avec. Il y a 20 000 enfants qui cherchent leurs parents, des milliers de femmes qui ont été victimes de violences sexuelles. Il n’existe aucune offre chirurgicale et surtout pas obstétricale alors qu’il y a 50 000 femmes enceintes, dont beaucoup le sont à la suite de ces viols. »
Devant ce constat accablant, Humaniterra a décidé d’ouvrir un point focal de chirurgie avec Friendship, leur partenaire local, dès que la logistique permettra cette ouverture. Le Dr Chuzel, chirurgien gynécologue, responsable du Pôle mère enfant dans les programmes Humaniterra, repartira pour ouvrir la mission.
« Ce point focal, c’est une goutte d’eau au regard des besoins mais on va ouvrir une maternité avec un bloc d’accouchements normaux, un bloc obstétrical, et un bloc chirurgical. Au point de vue logistique ce sera d’abord sous des tentes puis dans des containers, avant de voir ensuite. On ouvre d’ici fin décembre. Le matériel est en voie d’acheminement », explique-t-il. Humaniterra cherche des fonds pour développer ses actions pour proposer un accompagnement de qualité à ces femmes. Et bien sûr des praticiens.
« Il y a une crise des vocations humanitaires pour les médecins et chirurgiens notamment mais nous pouvons accompagner des jeunes confrères qui voudraient se lancer, dans une mission coûteuse en énergie mais tellement riche sur le plan humain. » Humaniterra lance clairement un appel pour recruter car la chirurgie doit devenir partie intégrante des soins de santé publique dans le monde. « C’est le parent pauvre aujourd’hui mais l’on sait que l’absence de chirurgie, c’est la première cause de mortalité dans les pays du sud. Cela tue plus que le sida, le paludisme, la tuberculose », conclut le Dr Chuzel.
Pour joindre l'association et faire un don : www.humani-terra.org et 04.91.42.10.00
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