Deux ans après la campagne de prévention du burn-out et du suicide « Dis doc', t'as ton doc ? », la commission santé au travail du collège français des anesthésistes-réanimateurs, baptisée SMART lance « Un patient, une équipe » – avec 41 partenaires (sociétés savantes, conseils nationaux professionnels, syndicats, organismes de formation) – pour promouvoir « la communication, la coopération et la cohésion » dans les plateaux techniques, entre tous les professionnels de santé – anesthésistes-réanimateurs, chirurgiens, radiologues, gynéco-obstétriciens, urgentistes, sages-femmes, infirmiers de bloc et anesthésistes, manipulateurs radio, aides-soignants, brancardiers. Le slogan fédérateur : « Pour soigner, jouons collectif ».
Cette nouvelle offensive a vocation à prévenir les conflits aigus au sein des équipes et à proposer des outils pour aider à leur gestion et leur analyse. Elle s'appuie sur un sondage* réalisé auprès de médecins et paramédicaux de bloc. Plus de 90 % affirment avoir déjà vécu un conflit au sein de leur équipe : il s'agit de violence verbale (97 %), de violence physique (14 % des cas) et de violence sur des biens (12 %). Les deux tiers des soignants ont été victimes de violences de la part d'un autre professionnel et 30 % ont eux-mêmes été auteur de violence. Dans presque tous les cas, ils affirment que les conflits compromettent la qualité des soins pour le patient.
« Les causes de conflits le plus souvent citées sont à la fois une mauvaise communication, la charge de travail, le manque de personnel mais aussi une mauvaise organisation des soins, un management défaillant et des rivalités ou abus de pouvoir, détaille le Dr Ségolène Arzalier-Daret, à la tête de la commission SMART. Surtout, 75 % des professionnels avouent se sentir démunis lorsqu'il y a un conflit au sein de leur équipe. »
Faire du lien
Face à des équipes en demande, une série d'outils pratiques a été développé (certains depuis plusieurs années) par la commission en parallèle à la campagne d'affichage. Ces dispositifs peuvent prévenir les conflits – charte du savoir-être à faire signer dans l'équipe, rappel du serment d'Hippocrate (« j'apporterai mon aide à mes confrères dans l'adversité ») – ou les désamorcer s'ils sont déjà installés.
« Nous proposons par exemple une fiche de réaction immédiate pour bien se comporter face à un comportement hostile, indique le Dr Arzalier-Daret. Ne pas répondre de façon sarcastique, toujours rester concentré sur les soins et le patient, adopter un ton et une attitude calme… » Dans un second temps, une grille d'analyse des conflits « à froid » peut être remplie et transmise à la direction de l'établissement lorsque des facteurs liés à l'organisation du service entrent en ligne de compte.
À l'heure des changements structurels ou des mutualisations d'équipes au sein des services, l'enjeu est de taille. « Nos modèles d'organisation ont changé, on doit s'y adapter. Il n'y a pas de meilleure justification à cette campagne, souligne le Pr Paul-Michel Mertes, président du collège des anesthésistes-réanimateurs. Il est plus que jamais nécessaire d'avoir du lien entre professionnels, mais aussi avec les internes et les externes en formation. Saisissons-nous de cette réalité ! »
* Réalisé en ligne du 7 novembre au 20 décembre 2018, auprès de 1916 soignants (dont 34 % d'anesthésistes et 24 % d'infirmiers de bloc) exerçant au bloc en CHU, en clinique privée et en hôpitaux généraux.
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