Le risque de décès post-opératoire multiplié par l'épidémie de Covid-19

L'épidémie de Covid-19 a démultiplié le risque de décès post-opératoire, selon une étude publiée dans « The Lancet », fruit de la collaboration entre l'université de Birmingham et le département de chirurgie de l'hôpital général du Massachusetts. Les chercheurs ont examiné les données médicales de 1 128 patients opérés dans 235 hôpitaux répartis dans 24 pays, majoritairement européens.

La mortalité à 30 jours était de 23,8 % dans l'ensemble de la population de l'étude, et était particulièrement élevée dans plusieurs sous-groupes de patients, tels que ceux opérés en urgence (25,6 %) ou d'une opération lourde comme la hanche ou pour cancer du côlon (26,9 %). Le taux de mortalité des hommes (28,4 %) était plus élevé que celui des femmes (18,2 %), l'âge constituant également un facteur important de risque de morbimortalité.

Ces chiffres sont plus élevés que ce qui est observé normalement, surtout en ce qui concerne les cas de figure qui présentent peu de risque en temps normal. Ainsi, les actes de chirurgie programmés sont associés à une mortalité à 30 jours de 18,9 % dans l'article, « alors qu'en temps normal, la mortalité est plus de l'ordre de 1 à 3 % », détaille le Dr Haytham Kaafarani, du département de chirurgie de l'hôpital général du Massachusetts.

Les complications pulmonaires majoritaires

Les patients hospitalisés pour opération chirurgicale couraient un risque augmenté de contracter le Covid-19 : dans les 30 jours qui ont suivi l'intervention, plus de la moitié des patients (51 %) ont développé une pneumonie, un syndrome de détresse respiratoire aiguë ou ont été mis sous assistance ventilatoire. Cette forte tendance à l'infection par le SARS-CoV-2 explique pourquoi 81,7 % des décès survenus après une opération sont liés à des complications pulmonaires. Ce qui fait écrire aux auteurs qu'en période d'épidémie, il est justifié de reporter largement les opérations programmées afin de protéger les patients.