RAPPELONS-NOUS notre histoire : en l’an 50 avant J-C, la Gaule est entièrement occupée par les Romains, à l’exception du village d’Astérix. La fronde des irréductibles habitants dirigée par Astérix, Obélix et aidée de leur potion magique, fait la vie dure aux légionnaires romains des camps d’alentour.
Une équipe de neuro-chirurgiens (Marcel Kamp et coll., Düsseldorf) a réalisé une analyse rétrospective systématique des cas de traumatisme crânien (TC), facteurs de risque et conséquences, dans les 34 publications en bandes dessinées des aventures du Gaulois, notant que : « Le TC est le mode de blessure le plus fréquent dans la littérature dessinée. »
Des adultes de sexe masculin.
Tout au long de cette saga, les neurochirurgiens identifient chez les légionnaires romains 704 TC d’origine traumatique, impliquant majoritairement des adultes de sexe masculin (99,1 % ; 698 hommes, 6 femmes). Un grand nombre a présenté des TC à répétition d’une BD à l’autre. Une blessure traumatique par attaque physique ou arme contondante est à l’origine de 696 cas (98,8 %), mais aussi (rarement) une chute. Une strangulation est survenue dans 8 cas (1,1 %). Le mécanisme exact du TC demeure obscur dans 4 cas.
Le symptôme commun est une altération immédiate sévère de la conscience, avec un Glasgow de 3 à 8 dans 390 cas (55,4 %) et de 9 à 12 dans 89 cas (12,6 %). On note que 225 victimes (31,9 %) n’ont présenté qu’une légère altération de la conscience (GCS 13-15).
Les conséquences plus sévères sont plus rares (13 cas, 1,8 %), avec des signes de début d’engagement cérébral, de posture en extension ou de décérébration. Un myosis signant une compression pontique est dessiné dans un cas. « On note qu’aucun patient n’a présenté de dilatation pupillaire signant une HTIC. »
Associée aux altérations de la conscience, une paralysie du grand hypoglosse (XII) est fréquemment détectée (n = 188, 26,7 %), sur la constatation d’une protrusion de la langue d’un côté de la bouche, en corrélation significative avec les TC plus sévères. Quelques aphasies et amnésies immédiates sont observées.
L’inspection du crâne montre de fréquents hématomes périorbitaires, pouvant signer des fractures de la base. Il n’y a pas de traumatisme ouvert. Pourtant, les combattants perdent leur casque au cours des assauts.
Le suivi est inconsistant (de quelques minutes à quelques mois). Il n’y a pas eu de décès, ni de déficit neurologique permanent. Un déficit neurologique avec aphasie et désorientation a toutefois touché le druide Panoramix pendant quelques jours.
« La potion magique ».
À eux seuls, Astérix et Obélix ont été responsables de plus de la moitié des TC identifiés (n = 406 ; 57,6 %).
Les autres villageois s’aident d’un agent dopant nommé « la potion magique », qu’Obélix n’est pas obligé de prendre, étant tombé dedans dans l’enfance.
Cette substance, considérée comme capable de donner une force surhumaine, contient du gui, notent les auteurs. De fait, les personnages qui prennent la potion magique avant le combat causent des TC significativement plus sévères, avec des troubles de la conscience plus profonds.
La série étudiée par Kamp et coll. fait contraste avec l’évolution habituelle des TC, où des taux de mortalité de 20 à 30 % sont rapportés. « L’évolution favorable de cette série est étonnante, d’autant qu’il n’y a pas de procédure de diagnostic, ni de prise en charge », remarquent les auteurs. Toutefois, on ne connaît rien de l’épidémiologie des TC en l’an 50 avant J-C. Dans quelques cas, « la potion magique » a été utilisée avec succès en tant que traitement. Dans un album, l’administration de la drogue a produit une récupération rapide et une disparition de tous les symptômes, y compris l’altération de la conscience.
« On ne peut écarter toutefois une détérioration secondaire après un intervalle libre, ce que ne permet pas de déterminer la brièveté du suivi. »
Acta Neurochir (2011) 153 : 1351-1355. Doi 10.1007/s00701-011-0933-6.
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