Les questions des internautes du Quotidien du Médecin :
J’ai lu que les prothèses imprimées en 3D posaient d’importants problèmes de responsabilité juridique. Le confirmez-vous ?
La fabrication de prothèses externes (par exemple dans les suites d’une amputation) pose peu de problèmes. En revanche la fabrication de prothèses interne (type prothèse de hanche, implants rachidiens) est du ressort d’un fabriquant d’implant qui doit répondre à des normes Européenne ou mondiale de fabrication, de stérilisation etc…. très précises et stricts Un certain nombre de tests sont nécessaires concernant la biocompatibilité, la résistance mécanique des matériaux etc... Une structure médicale qui fabriquerait une prothèse en impression 3D ne répondrait pas à ces exigences et devraient en assumer les conséquences et responsabilités. Par exemple, la réalisation d’une prothèse en impression 3D en utilisant de la poudre de titane micro fusionnée au rayon laser n’a pas les mêmes caractéristiques qu’une prothèse usinée dans un bloc de titane.
En quoi l’impression 3D a-t-elle révolutionné la chirurgie du rachis ?
Aujourd’hui on ne peut pas parler de révolution de la chirurgie du rachis grâce à l’impression 3D. Quelques réalisations intéressantes ont fait grands bruits et il faut distinguer deux types d’utilisation de l’impression3D qui sont bien distinctes
- La réalisation à partir d’un scanner ou d’une IRM en 2 D d’une « maquette » en résine permet au chirurgien de parfaitement visualiser en modélisation volumique la chirurgie complexe qu’il va réaliser. Cela permet de planifier sur le modèle l’intervention, le placement des vis et éventuellement de coupler cette planification à un système de navigation opératoire. Le modèle peut aussi permettre de fabriquer des guides des coupes osseuses par exemple dans des chirurgie des tumeurs complexes du bassin assurant la sécurité et la précision du geste.
Ces modèles « maquette » sont didactique, permettent de planifier, de préparer en avance l’intervention, de gagner de la précision dans le geste et du temps opératoire. En revanche, ils ne peuvent pas être implantés définitivement dans le patient.
De même, on peut fabriquer en impression 3D un « prototype » parfaitement adapté au patient et qui servira à usiner un implant de façon classique en « copiant » le modèle de façon extrêmement précise.
- La fabrication d’un implant sur mesure en impression 3 D et destiné à être implanté chez un patient. Par exemple en cas de tumeur, une vertèbre va être retirée et la réalisation d’un implant sur mesure sera parfaitement adapté aux dimensions du patient. Ici il s’agit d’implants en titane fabriqué en impression 3D à partir des scanner et IRM du patient. Ces technologies sont à leurs début mais suscitent un grand intérêt. Elle pose un problème de sécurité et qualité de fabrication qui restent à étudier.
Où en est la recherche dans le domaine de la bio-impression (de foie, par exemple) ?
En ce qui concerne notre spécialité, l’os est un tissu qui pourrait probablement être fabriqué par bio-impression, mais cela est encore du domaine de la recherche et un grand nombre d’obstacles sont à franchir, mais cela résoudrait le problème des greffes osseuses et des reconstruction des grandes pertes de substances osseuses aux membres.
L’imagerie en 3D va-t-elle finir par détrôner l’imagerie « classique » en deux dimensions ?
L’imagerie 3D est très intéressante dans certains domaines de l’orthopédie-traumatologie et déjà couramment utilisée pour le diagnostic, l’analyse et la planification de chirurgies complexes (fractures articulaires, fractures du bassin) ou pour réaliser des actes chirurgicaux mini-invasifs (fixation percutanée du rachis) ou couplée à des systèmes de navigation opératoire. De plus en plus de bloc opératoire sont équipés de systèmes de visualisation 3D. Les problèmes actuelles en sont leur coût et l’irradiation qu’ils occasionnent pour les patients.
Peut-on imaginer de voir apparaître un jour des imprimantes 3D, à vocation pédagogique, dans les cabinets des généralistes ?
Aujourd’hui des modèles anatomiques existent reproduisant des organes ou des structures à visée pédagogiques. Une impression 3D prend du temps, est encore coûteuse et n’apporterait pas dans le domaine de l’orthopédie de grandes précisions supplémentaires
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