La télé-expertise et la téléconsultation sont les deux types d’actes de télédermatologie réalisés aujourd’hui en France. La télé-expertise consiste en un transfert d’images entre deux médecins (par le biais d’un smartphone, un ordinateur ou une tablette), en présence ou non du patient. La téléconsultation, quant à elle, est une véritable consultation à distance nécessitant la présence du patient. « La téléconsultation est beaucoup plus complexe à organiser que la télé-expertise, elle requiert une image vidéo de bonne qualité, la présence d’un soignant auprès du patient et d’une tierce personne pour manipuler le logiciel de visioconférence », souligne le Dr Tu-Anh Duong.
La télédermatologie reste expérimentale et limitée à quelques réseaux de médecins en France. Elle est aujourd’hui déployée pour le diagnostic de pathologies cutanées des patients incarcérés et des personnes âgées invalides, leur transport étant compliqué et coûteux. Elle peut également être utilisée pour obtenir un avis sur un pansement, une plaie ou dans le cadre d’urgences ou de maladies dermatologiques rares. «Car pour développer un réseau de télédermatologie (dermatologue, médecin traitant, spécialiste, infirmière, hôpitaux, maison de retraites…), il faut qu’il y ait un besoin identifié », précise le Dr Tu-Anh Duong.
Réglementation
La télédermatologie pourrait, à l’avenir, répondre à la pénurie de dermatologues. Car s’ils sont 3200 aujourd’hui sur l’ensemble du territoire français, leur nombre devrait diminuer de façon drastique à l’horizon 2020(1). La télédermatologie a deux enjeux : son déploiement et son implantation en ville, notamment dans les régions dépourvues de dermatologues. Dans ce cadre, le médecin généraliste pourrait solliciter l’avis d’un dermatologue sans déplacer le patient et en réduisant les délais d’obtention d’un rendez-vous. « Toutefois, le déploiement de la télédermatologie en ville n’est pas si simple. Avec quels dermatologues le médecin libéral peut-il coopérer ? Cette collaboration sera-t-elle amenée à être régulière ? Y a t-il un vrai besoin pour les patients ? », note le Dr Tu-Anh Duong.
La télémédecine est aujourd’hui, bien réglementée, la loi (2) prévoit que tout échange de photo ou de données écrites entre médecins, par mail, MMS ou SMS, soit sécurisé (identification sur un portail internet ou une application mobile sécurisée des professionnels via leur numéro de Répertoire partagé des professionnels de santé (RPPS) ou leur Carte de professionnel de santé (CPS), par exemple. Enfin, les données échangées doivent faire l’objet d’un archivage ou d’un stockage.
D’après un entretien avec le Dr Tu-Anh Duong, hôpital Henri Mondor, Créteil
(1) Halioua B et col. Annales de dermatologie et de vénéréologie 2012;139(12):803-11.
(2) Décret du 19 Octobre 2010.
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