Ces dernières années, plusieurs études internationales ont mis en évidence une diminution des complications liées au diabète, attribuable en grande partie aux avancées dans la prise en charge des facteurs de risques vasculaires et dans l’éducation thérapeutique, font remarquer des chercheurs de l’Institut de veille sanitaire (InVS) dans le dernier « BEH », consacré cette semaine au diabète à l’occasion de la journée mondiale du 14 novembre. En France, peu de données sur l’incidence de ces complications étaient disponibles, mais l’accès récent au Système national d’information inter-régimes de l’assurance-maladie (SNIIRAM) a changé la donne, font remarquer ces auteurs.
Ainsi, les chercheurs de l’InVS et une équipe de l’Agence de la biomédecine ont pu colliger les données les plus récentes (datant de 2013) concernant 5 complications chez 3 millions de diabétiques sous traitement pharmacologique : les hospitalisations pour un infarctus du myocarde (IDM), un accident vasculaire cérébral (AVC), une plaie du pied, une amputation d’un membre inférieur (AMI), et le démarrage d’un traitement de suppléance pour une insuffisance rénale chronique terminale (IRCT).
Les hommes davantage touchés
Les chercheurs ont enregistré :
- 20 493 hospitalisations pour une plaie du pied (5 fois plus que dans la population non-diabétique) ;
- 17 148 hospitalisations pour un AVC (1,6 fois plus que dans la population non-diabétique) ;
- 11 737 hospitalisations pour un IDM (2,2 fois plus que dans la population non-diabétique) ;
- 7 749 hospitalisations pour une AMI (7 fois plus que dans la population non-diabétique) ;
- 4 256 traitements de suppléance démarrés pour une IRCT (9 fois plus que dans la population non-diabétique).
« Ces chiffres, déjà très élevés, sont certainement sous-estimés car ils ne portent que sur les personnes identifiées sur la base de leurs remboursements de traitements antidiabétiques », font remarquer les auteurs, qui n’ont d’ailleurs pas pu couvrir d’autres complications comme la rétinopathie diabétique ou les hypoglycémies sévères, à cause du manque de données fiables.
Les hommes, qui sont déjà davantage touchés par le diabète que les femmes, étaient plus touchés par toutes ces complications. Par exemple, les hospitalisations pour un AMI étaient 2,6 fois plus fréquentes chez les hommes que chez les femmes, les hospitalisations pour un IDM – 2 fois plus fréquente.
Disparités socio-économiques et territoriales
Même s’il peut encore être amélioré, le suivi des examens biologiques recommandés dans la surveillance du diabète a nettement progressé entre 2007 et 2013, notent les auteurs. Par exemple, la fréquence du suivi de l’équilibre glycémique atteignait 51 % en 2013 (+ 12 points), celui du dosage de la créatininémie 84 % (+ 5 points), celui de la microalbuminurie 30 % (+ 4 points) et des lipides 74 % (+ 3 points).
Les chercheurs de l’InVS notent que les disparités socio-économiques restaient relativement faibles en ce qui concerne le suivi des examens biologiques. Par contre, elles étaient davantage marquées en ce qui concerne le suivi clinique des patients. Les suivis ophtalmologiques, cardiologiques et dentaires étaient moins fréquemment conformes aux recommandations pour les personnes résidant dans les communes les plus désavantagées socio-économiquement, remarquent les auteurs.
« Cela paraît montrer qu’au-delà de la prescription et de la réalisation des examens, le problème essentiel réside dans l’utilisation qui en est faite en termes de qualité de prise en charge des patients intimement liée à la coordination des soins et à l’éducation thérapeutique », commente le Pr Jacques Bringer, du CHU de Montpellier, dans un éditorial accompagnant les études.
Des disparités sont également apparues au niveau régional – la Guyane et le Limousin se démarquant des autres régions par des fréquences de suivi relativement faibles, la Réunion pour un meilleur suivi pour la plupart des indicateurs. « Il faut toutefois noter que seuls les examens effectués en libéral, soumis à remboursement, sont considérés dans nos analyses, écartant les examens effectués en centres de santé ou à l’hôpital, font remarquer les auteurs. Cette limite rappelle que l’interprétation de ces résultats doit rester prudente, surtout dans la comparaison de sous-populations. »
Selon le Pr Bringer, ces inégalités « doivent conduire à mettre en place des actions de prévention et des filières de soins réactives », et la réduction des complications du diabète passe par la prise en charge des facteurs de risques associés : surpoids, hypertension artérielle, dyslipidémie, tabagisme et sédentarité.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024