PARTOUT SUR LA PLANÈTE, le diabète progresse à une allure vertigineuse et plus aucun continent n’est épargné par l’ampleur du phénomène. L’Afrique et plus particulièrement les États subsahariens se retrouvent ainsi en première ligne de ce nouveau front épidémique, à l’instar de quasiment tous les pays en voie de développement.
Dans la capitale gabonaise, les contributions des experts français et africains réunis à l’invitation de la Fondation Albertine Amissa Bongo Ondimba ont permis de dresser un état de lieux de la situation africaine vis-à-vis du diabète, ainsi que de proposer des stratégies d’amélioration de la prévention et de la prise en charge adaptées à des contextes peu dotés en moyens financiers et en personnels qualifiés.
78 % des cas non diagnostiqués.
Selon l’OMS, plus de 366 millions de personnes sont aujourd’hui atteintes de diabète dans le monde. En 2030, elles seront près de 550 millions en raison d’une progression des cas de l’ordre de 170 % dans les pays émergents, contre 40 % dans les pays développés. L’Inde enregistre ainsi 50 millions d’individus touchés par la maladie et en prévoit 80 millions à l’horizon 2025, alors qu’en Chine, on flirte avec les 100 millions de personnes diabétiques. À l’heure actuelle, 80 % des décès causés par le diabète surviennent dans des pays pauvres ou en voie de développement.
L’Afrique subsaharienne, déjà fortement éprouvée par les maladies infectieuses (VIH, paludisme), présente elle aussi une progression effrénée des cas de diabète. La Fédération internationale du diabète (FID) estimait en 2011 que 14,7 millions d’adultes africains souffraient d’un diabète, avec une prévalence régionale moyenne de 3,8 %. Beaucoup plus inquiétant, 78 % des diabétiques africains ne seraient pas diagnostiqués, avec une forte représentativité parmi eux des malades les plus jeunes et notamment ceux présentant un diabète de type I.
Adapter le dépistage au contexte.
En Afrique, l’accélération de l’urbanisation associée à une modification rapide des habitudes alimentaires constituent les facteurs principaux de la multiplication des cas de diabète au sein de la population. Si les causes de la progression rapide de cette maladie sont désormais bien identifiées, de nombreux obstacles subsistent encore à l’organisation d’une prévention et d’une prise en charge efficaces. Sur le continent, la recherche et les systèmes de santé sont lents à répondre à ces défis et restent essentiellement ciblés sur les maladies infectieuses ou parasitaires : l’Afrique représente ainsi moins de 1 % des dépenses mondiales en soins de santé pour le diabète.
Le Pr Saïd Nourou Diop, directeur du Centre de traitement du diabète de Dakar (Sénégal), rappelle à ce propos que le caractère asymptomatique du diabète dans les premières phases de son évolution et l’insuffisance du dépistage conduisent bien souvent « à poser le diagnostic à la suite d’un coma cétoacidosique inaugural ou au moment où l’amputation du pied ne peut être évitée ».
Afin de pouvoir intervenir le plus en amont possible, certains comme le Dr Hervé Tieno du CHU Ouedraogo de Ouagadougou (Burkin Faso) conseillent donc la mise en place des stratégies adaptées « en attendant que les choses s’améliorent ». Il préconise ainsi un déploiement de « tests capillaires ou même de la glycosurie dans les zones les plus reculées ».
Des centres de traitement non accessibles.
La même problématique existe au niveau des structures de prise en charge. Tous les pays d’Afrique ne sont pas dotés de centre de traitement du diabète. Lorsqu’il en existe un, celui-ci est souvent situé dans la capitale, hors de portée des nombreux malades qui vivent dans les campagnes.
D’autre part, le manque de personnels de santé formés, la limitation des équipements qui entraîne un défaut de surveillance, ainsi que les problèmes de disponibilité de l’insuline et de son coût ralentissent fortement l’efficacité de la lutte contre cette pathologie. L’exemple du Mozambique est à ce propos parfaitement éloquent : la capitale Maputo dans laquelle ne vit que 11,3 % de la population du pays concentre pourtant 77,3 % des commandes annuelles d’insuline.
Si la situation de la mise à disposition des traitements pour les malades reste pour l’heure très problématique dans beaucoup de pays africains, la multiplication de programmes à l’initiative d’acteurs locaux ou d’ONG comme Santé Diabète laisse augurer une amélioration future dans ce domaine. Qu’il s’agisse de la mise en place d’un maillage de centres de traitement pour les enfants en Guinée Conakry, de stratégies de distribution et de conservation de l’insuline au Mali ou de campagnes massives de dépistage au Gabon, des solutions commencent donc à émerger.
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