Un objet connecté se définit comme un système susceptible de se connecter sur le réseau internet pour à la fois enregistrer et transmettre des données de santé (glycémie, poids, PA éventuellement, activité physique, alimentation…) et qui pourraient être mis à la disposition de l’entourage et des divers soignants. Ces outils se sont multipliés, mais en dehors des lecteurs de glycémie qui doivent avoir un marquage CE, les outils évaluant en particulier l’environnement hygiénodiététique ne font l’objet d’aucune réglementation. Toutefois en octobre 2016, l’HAS a publié un référentiel de 101 bonnes pratiques sur les applications et les objets connectés afin de guider les professionnels de santé et les industriels.
Le deuxième point essentiel est la sécurité et la confidentialité des données que le patient est en droit d'exiger. Des recommandations ont été émises par l’HAS sur ce thème, mais on reste toujours sceptique quant à l’inviolabilité du stockage dans un smartphone !
Des preuves d'efficacité attendues
Dernier point et non des moindres, celui de l’impact de ces technologies sur la santé. En ce qui concerne la glycémie, l’enregistrement sur un objet connecté contribue à motiver le patient, à le rendre plus acteur de sa santé, à faire participer son entourage et à lui donner le sentiment d’être mieux accompagné, ce qui participerait à un meilleur contrôle du diabète. La seule étude bien faite est celle menée avec le dispositif diabeo, lecteur de glycémie connecté avec un smartphone qui non seulement stocke les données mais peut aussi conseiller au patient en temps réel le traitement à adopter et lui permet de recevoir des appels de plateformes de professionnels de santé qui vont contribuer à le motiver ou à analyser les raisons éventuelles d’un échec. « On élabore donc là un parcours de soins complet avec un coaching ; ce système contribue à un meilleur contrôle du diabète et a d’ailleurs reçu un avis favorable de l’HAS. Il est possible que certains patients soient plus répondeurs que d'autres, et dans l’étude DIABEO on montre que si certains patients s’améliorent uniquement du fait de l’objet connecté, d’autres ont besoin aussi de l’accompagnement humain » précise le Pr Benhamou.
Cerner un nouveau type de parcours de soins
Pour le médecin ce système permet d’accéder aux données de ses patients beaucoup plus simplement, de suivre son évolution entre deux consultations et d’améliorer le service rendu par un suivi plus rapproché. Mais revers de la médaille, le professionnel de santé peut vite être envahi par toutes ces données, aussi une réflexion doit s’engager sur la mise en place d'un nouveau parcours de soins faisant intervenir non pas seulement un médecin mais toute une équipe professionnelle avec des médecins, des IDE spécialisés dans l’accompagnement et l’éducation thérapeutique dans le cadre de protocoles de coopérations. Ce qui pourrait déboucher à terme sur de nouveaux métiers d’"infirmières cliniciennes" formées à accompagner les malades chroniques pour le suivi et la décision thérapeutique.
« Certains pourraient craindre une certaine déshumanisation de la médecine mais l’expérience nous montre qu’à l’inverse patients et médecins plébiscitent cette démarche qui les rapproche. Les résistances financières devraient elles aussi céder puisque la DGOS publie actuellement des textes réglementant la télémédecine dans 4 maladies dont le diabète et que l’assurance maladie prévoit un remboursement forfaitaire des différents acteurs de ce parcours de soins » conclut le diabétologue.
D’après un entretien avec le Professeur Pierre Yves Benhamou, Endocrinologie/diabétologie, CHU de Grenoble
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