Emblématique de l’implication de la société civile pour le numérique au service de la santé en Afrique, « AlloDocteurs.Africa », est une plateforme francophone lancée il y a seulement un an. Elle est aujourd’hui le site santé phare de la nouvelle génération, connectée, mobile, qui s’informe sur sa santé et sur la crise du Covid-19. L’accès est gratuit. La structure est constituée d’une page web, et de deux pages satellites sur Facebook, « Maman Africaine » et « Papa Africain ».
Au total, une communauté de plus d’un million d’abonnés : 55 % sont des hommes, 70 % ont moins de 40 ans, mais « AlloDocteurs.Africa » est aussi une source d’information pour des personnes plus âgées et atteintes de maladies chroniques.
Une application a été développée avec Orange, AlloDocteurs.Africa. Elle est, depuis 2020, l’application santé mise en avant dans l’App center (plateforme de distribution d’applications) d’Androïd de 11 pays, et totalise actuellement plus de 600 000 installations (également disponible sur Google Play, version iOS à venir). Les 10 pays les plus connectés sont, dans l’ordre décroissant : Sénégal, Algérie, Cameroun, Maroc, Côte d’Ivoire, Mali, France, Tunisie, Congo RDC, Guinée.
Outre l’actualité sanitaire quotidienne, des « Dossiers santé » sont mis en ligne périodiquement sur le site, avec des déclinaisons des principaux messages sur les pages Facebook. À l’occasion de la journée mondiale du diabète du 14 novembre, un dossier sur le sujet avait été mis en avant pendant quatre semaines, puis à nouveau durant une semaine mi-janvier avec alors un complément sur le pied diabétique. De tous les dossiers santé publiés depuis la création du site, le dossier diabète est arrivé en deuxième position d’audience après la drépanocytose. Il a permis une sensibilisation pour 27 pays et territoires. Il est à noter que le point d’entrée se fait par les réseaux sociaux : les posts et messages diabète ont été vus plus de 3,2 millions de fois. L’engagement sur les réseaux sociaux a été spectaculaire : plus de 172 620 interactions, la plupart favorables. Plus de 94 500 personnes ont cliqué sur le lien vers le site pour accéder au dossier diabète complet. Cette expérience ouvre des perspectives intéressantes pour toucher un large public et combattre les « fake news » des remèdes miracles et croyances erronées.
Développer la connectivité et l’interopérabilité
Le développement de la e-santé à grande échelle requiert deux conditions : la connectivité et l’interopérabilité entre les divers systèmes. Côté institutions, l’Union internationale des télécommunications (ITU), une agence des Nations Unies, a engagé, avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS), deux programmes pour aider l’Afrique, coordonnés par M. Hani Eskandar (ITU).
L’un est un prototype de « village connecté » sur le terrain au Niger, l’autre, the digital health platform handbook, propose depuis Genève d’accompagner en ligne les gouvernements et décideurs pour bâtir l’architecture et organiser la mise en œuvre d’un programme national de e-santé.
Au Niger, comme dans beaucoup de territoires, pour atteindre les structures de santé situées au bas de la pyramide sanitaire, seul le satellite permet une liaison pour envoyer et recevoir des données, mais le coût est prohibitif. Le travail actuel des institutions internationales est de développer, avec les opérateurs satellitaires et autres industriels des télécommunications, des modèles low cost, efficaces pour un maillage du territoire.
De plus, des outils innovants « low cost » sont testés auprès des villageois comme le Talking book. Des messages de santé sont téléchargés sur les appareils qui sont prêtés aux familles pour deux semaines. Elles peuvent écouter les messages, puis enregistrer leurs questions ou demandes de sujets à traiter. Périodiquement, par quinzaine, les questions et suggestions sont collectées sur le serveur, tandis que de nouveaux messages sont téléchargés. Cette méthode permet un dialogue et un retour d’expérience, pour un ajustement rapide des messages.
L’analyse des résultats du « village laboratoire » du Niger, en cours de test, est très attendue, car les crises sanitaires se multiplient. Une information adaptée et une écoute des besoins des populations sont à mettre en place. La surveillance épidémiologique des pays en temps réel, y compris des zones rurales, est indispensable pour circonscrire les maladies émergentes dès leur apparition.
Exergue 1 : Avec plus de 3,2 millions de vues sur le diabète, le site AlloDocteurs.Africa ouvre des perspectives intéressantes pour toucher un large public et combattre les « fake news »
Exergue 2 : Une information adaptée et une écoute des besoins des populations est à mettre en place
Présidente de l’université numérique francophone mondiale, consultante du programme « Be He@lthy be mobile » de l’OMS
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