En marge du Congrès européen sur l'obésité, l’OMS s’inquiète d’une « épidémie » dans la région

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Publié le 04/05/2022
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Crédit photo : Phanie

Alors que s’ouvre ce 4 mai à Maastricht le Congrès européen sur l’obésité (ECO), un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’alarme d’une « épidémie » de surpoids et d’obésité, responsable de plus de 1,2 million de décès par an dans la zone Europe de l'agence onusienne. Près d'un quart des adultes des 53 États de la région est désormais obèse, rendant la prévalence de l'obésité plus élevée que dans toute autre région, à l'exception des Amériques, poursuit l'OMS.

Si, en 1975, le surpoids et l'obésité concernaient à peine 40 % des adultes européens, ils en affectent désormais 59 % et près d'un enfant sur trois (29 % des garçons et 27 % des filles), selon les dernières données complètes disponibles (2016). La prévalence de l'obésité chez les adultes s'est quant à elle envolée de 138 % depuis 1975, avec une progression de 21 % entre 2006 et 2016.

Plus de 13 % des décès annuels liés à l'obésité

Dans cette tendance de fond, la pandémie de Covid-19 a été un révélateur de l’ampleur de l'épidémie de surpoids dans la région, tout en étant à l'origine de changements néfastes dans les habitudes alimentaires et sportives avec des effets durables qu’il convient d’inverser, plaide l’OMS. « Les interventions politiques qui ciblent les déterminants environnementaux et commerciaux d'une mauvaise alimentation (...) sont susceptibles d'être les plus efficaces pour inverser l'épidémie », estime l’OMS, citant la taxation des boissons sucrées, les incitations à une alimentation bonne pour la santé, les restrictions à la vente d'aliments malsains aux enfants et les encouragements à l'activité physique.

Ces interventions sont d’autant plus nécessaires que « l'augmentation de l'indice de masse corporelle (IMC) est un facteur de risque majeur de maladies non transmissibles, notamment les cancers et les maladies cardiovasculaires », rappelle le directeur de l'OMS Europe, le Dr Hans Kluge. Représentant plus de 13 % des décès annuels dans la région, l’obésité est en cause dans au moins 13 types de cancer différents et serait susceptible d'être directement responsable d'au moins 200 000 nouveaux cas de cancer par an. « Ce chiffre devrait encore augmenter dans les années à venir », avertit le rapport.

Les trois quarts tentent de perdre du poids mais la plupart échouent

Une enquête menée par ailleurs dans six pays européens (France, Allemagne, Italie, Espagne, Suède et Royaume-Uni) et présentée à l’ECO souligne également le large éventail de complications liées à l'obésité, qui « ont tendance à augmenter à mesure que l'obésité progresse », résume un communiqué. Sur les 1 850 adultes obèses (âge moyen 53 ans, 52 % de femmes) qui ont participé à l’étude, 26 % cumulaient trois complications ou plus. Ces patients étaient deux fois plus susceptibles d'avoir été hospitalisés au cours de l'année précédente (28 contre 13 % pour ceux ne déclarant aucune complication). Les complications les plus fréquemment signalées étaient l'hypertension artérielle (39 %), la dyslipidémie (23 %), le diabète de type 2 (18 %) et l’arthrose (16 %).

Cette étude, qui porte sur des données collectées entre mai et juin 2021, s’est également intéressée aux efforts de ces patients pour perdre du poids. Plus des trois quarts d’entre eux ont en effet entrepris une telle démarche au cours de l’année écoulée, mais seulement un quart d’entre eux y sont parvenus en atteignant une perte de poids « cliniquement significative » (au moins 5 % de leur poids). Ces résultats soulignent le « besoin d'un soutien accru et de solutions pour la gestion du poids », commente le Dr Marc Evans de l'hôpital universitaire de Cardiff, qui a mené cette enquête.

Les méthodes les plus courantes étaient les régimes contrôlés ou restreints en calories (72 % des participants), les programmes ou cours d'exercices (22 %) et les traitements pharmaceutiques (12 %). Mais toutes ces stratégies ne permettent pas la même réussite en termes de perte de poids. Par exemple, l'exercice et les régimes contrôlés ou restreints en calories apparaissent comme les moins bénéfiques, avec seulement 20 % des répondants environ atteignant une perte de poids significative en utilisant ces approches. Un tiers des participants ont par ailleurs déclaré une prise de poids (plus de 5 % de leur poids corporel) malgré les tentatives de diverses stratégies.

Des recherches supplémentaires sont nécessaires, estiment les chercheurs, pour déterminer les stratégies les plus efficaces, mais aussi dans quelle mesure les personnes qui perdent du poids réussissent à maintenir cette perte de poids.


Source : lequotidiendumedecin.fr