On estime que l’hirsutisme idiopathique (IH) affecte de 5 à 20 % des femmes, avec une prévalence variant selon les ethnies. Les critères diagnostiques sont un excès de poils dans les zones dépendantes des androgènes, chez les femmes ayant une fonction ovulatoire normale, aucune preuve échographique d’ovaires polykystiques et des taux d’androgènes circulants normaux (1). L’HI a des effets très pénalisants sur la qualité de vie, les femmes concernées hésitant de surcroît à consulter. La pathogenèse de l’IH n’est pas complètement comprise, mais peut être liée à une activité accrue périphérique de la 5-α-réductase, stimulant la production de dihydrotestostérone, ou à des polymorphismes des récepteurs aux androgènes ou encore à une activité accrue des cellules thécales ovariennes, stimulée par l’hyperinsulinémie.
Mais c’est le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) qui est responsable de 70 à 80 % de l’ensemble des hirsutismes chez les femmes. Dans ce syndrome, l’hyperandrogénie a des conséquences métaboliques établies, notamment l’intolérance au glucose, l’HTA et l’obésité. Les femmes atteintes du SOPK doivent être dépistées pour le diabète de type 2 (DT2), la dyslipidémie et il leur est conseillé de veiller au contrôle de leur poids et de lutter contre l’inactivité physique.
Pas de surrisque cardiovasculaire
Contrairement aux hirsutismes avec SOPK, il existe peu de données sur le statut métabolique des IH et aucun de conseil quant au dépistage de possibles troubles métaboliques. Pour tenter de combler ce manque de connaissances, Mahmoudieh et ses collègues (2) ont mené une étude prospective de cohorte sur près de 1 600 femmes Iraniennes, sur une période de 16 ans. En utilisant un examen physique standardisé, y compris le score de Ferriman-Gallwey modifié, une échographie transvaginale et des tests sanguins pour les taux d’androgènes, des marqueurs du métabolisme du glucose et des lipides, ils ont comparé le risque métabolique chez les personnes atteintes d’hirsutisme idiopathique (n = 334) vs. des témoins (n = 1 226).
Ils ont constaté que même si les femmes atteintes d’IH avaient des concentrations d’androgènes plus élevées que celles en bonne santé, il n’y avait pas de risque accru de troubles métaboliques, comme l’HTA, le prédiabète ou le syndrome métabolique.
Il s’agit de la première grande étude à apporter des preuves que les femmes atteintes d’IH n’ont pas de risque accru de complications métaboliques, par rapport aux témoins indemnes. Ce distinguo entre hirsutisme idiopathique ou avec SOPK est donc à bien connaître médecins, endocrinologues ou généralistes, que ce soit vis-à-vis de leurs risques métaboliques mais aussi d’une matière plus générale, puisque les deux entités sont souvent confondues.
Professeur Emérite, Université Grenoble-Alpes
(1) Dimakopoulou A, Clarke SA, Jayasena CN. Screening for adverse metabolic consequences in women with idiopathic hirsutism. Is it relevant? J Clin Endocrinol Metab. 2022 Nov 11 :dgac652. doi : 10.1210/clinem/dgac652
(2) Mahmoudieh L, Amiri M, Rahmati M. Idiopathic hirsutism and metabolic status : a population-based prospective cohort study. J Clin Endocrinol Metab. 2022 Sep 20 :dgac538. doi : 10.1210/clinem/dgac538
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