Quel est le devenir de la fonction thyroïdienne des femmes présentant une hypothyroïdie infraclinique (HI) ou une hypothyroxinémie durant la grossesse ? C’était la question posée par cette étude (1), réalisée chez des femmes dépistées avant 21 semaines de grossesse (entre 8 et 20), avec soit une hypothyroïdie infraclinique HI), définie par une TSH ≥ 4,0 mU/L et une T4 libre (fT4) normale [0,86-1,9] ng/dL, soit une hypothyroxinémie (HT), définie par une TSH normale [0,08-3,99] mU/L et une fT4 < 0,86 ng/dL, chez qui on a évalué l’incidence de l’hypothyroïdie avérée (diagnostiquée [TSH ≥ 4,0 mU/L et une fT4 < 0,86 ng/dL] et/ou traitée), un et cinq ans après la grossesse. Le sérum maternel a été prélevé lors de ces visites et la fonction thyroïdienne a été mesurée. Les sérums initiaux ont été conservés en vue d’un dosage ultérieur des anticorps anti-TPO.
Dosage de la TSH à 21 semaines
Les données de suivi à un et cinq ans étaient disponibles pour 307 des 338 participantes avec HI et 229 des 261 avec HT. L’hypothyroïdie ultérieure était plus fréquente à la première année (13,4 % contre 3,1 %, p < 0,001) et à la cinquième année (15,6 % contre 2,6 %, p < 0,001) chez les participantes atteintes d’HI que chez celles avec HT.
Cette progression était plus fréquente chez les personnes présentant des valeurs de TSH > 10 mUI/mL. Un taux initial de TPO > 50 UI/mL chez les participants atteints d’HI était associé à des taux plus élevés d’hypothyroïdie à un an (26,7 % contre 6,5 % ; OR = 5,3 [2,6-10,7]) et à cinq ans (30,5 % contre 7,5 % ; OR = 5,4 [2,8-10,6]), par rapport aux femmes ayant des taux de TPO ≤ 50 UI/mL.
Pour les participantes avec HT, le taux de TPO n’était en revanche pas susceptible de prédire l’apparition d’hypothyroïdie manifeste à un an : 10 % en cas de taux TPO > 50 UI/mL, vs 2,8 % dans le cas contraire, OR = 3,9 [0,43-36,1], NS. Mais c’était le cas à cinq ans, avec davantage de participantes avec des taux de TPO > 50 UI/mL ayant alors développé une hypothyroïdie : 2/10 (20 %) contre 4/218 (1,8 %) ; OR = 13,4 [2,1–84,1].
Des enseignements très pratiques
Cette étude identifie de façon claire un risque d’hypothyroïdie clinique à distance d’une grossesse chez les femmes en hypothyroïdie subclinique durant les 21 premières semaines de gestation. Ce n’est pas le cas de celles ayant une T4L un peu basse mais une TSH normale.
Cela confirme la place essentielle du dosage de la TSH et, si elle est ≥ 4,0 mU/L, du dosage des Ac-anti TPO. Avec, s’ils sont positifs, un effet l’incidence des hypothyroïdies ultérieurement (1-5 ans).
On sait le potentiel de morbidité ultérieure des hypothyroïdies ignorées ou dont le traitement est retardé. À connaître des endocrinologues gynécologues et plus encore des généralistes.
(1) Varner MW, et al. Progression of gestational subclinical hypothyroidism and hypothyroxinemia to overt hypothyroidism after pregnancy: pooled analysis of data from two randomized controlled trials. Thyroid. 2024 Sep;34(9):1171-6
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