Les premiers dispositifs de mesure en continu du glucose (MCG) sont apparus au début des années 2000, mais restaient très imparfaits. Ils ont ensuite connu très rapidement d’importantes évolutions technologiques, jusqu’à la mise à disposition de Free Style Libre (FSL), premier système de MCG en temps réel qui a été remboursé à partir de juin 2017. Un dispositif fiable et facile d’utilisation car ne nécessitant pas de calibration. Il mesure de façon continue le taux de glucose dans le liquide interstitiel, mais nécessite toutefois l’intervention du patient pour scanner le capteur avec le lecteur et obtenir les différentes données reflétant l’équilibre glycémique : valeur instantanée du glucose, tendance, historique des huit dernières heures… La durée de vie du capteur est de 14 jours.
Au moins trois injections d’insuline ou traitement par pompe
Les indications du capteur FSL ouvrant droit au remboursement sont bien précisées : diabète de type 1 ou 2 nécessitant une insulinothérapie intensifiée avec au moins trois injections quotidiennes d’insuline ou une pompe. « Ainsi, les patients diabétiques de type 2 recevant une seule injection d’insuline par jour ne sont pas éligibles au remboursement », souligne la Pr Hélène Hanaire.
La prescription initiale, obligatoirement par un diabétologue ou un pédiatre expérimenté en diabétologie, est faite sur une ordonnance 100 %, pour deux capteurs pour 28 jours pour une durée d’un à trois mois maximum. La délivrance se fait en pharmacie d’officine et le pharmacien joue aussi un rôle pour vérifier la bonne compréhension des règles d’utilisation.
« Une formation initiale des patients est indispensable, rappelle la Pr Hélène Hanaire. La partie technique est assez simple, mais le patient doit aussi apprendre à bien interpréter les données pour les utiliser pour l’adaptation de son traitement ». Il est donc essentiel de le revoir entre un et trois mois après la prescription initiale pour évaluer sa maîtrise du système, avant de reconduire la prescription. « En pratique, il y a peu de problèmes, parfois une mauvaise tolérance locale ou des informations mal gérées. On observe plutôt globalement une adhésion très forte à ce dispositif qui a réellement changé la vie de nombreuses personnes ».
Les bénéfices du capteur FSL avaient été démontrés dans des études randomisées, comparativement à l’autosurveillance glycémique par prélèvement capillaire, chez des diabétiques de type 1 et 2, avec notamment une réduction du temps passé en hypoglycémie.
« Deux études, dont les résultats ont été présentés l’an dernier, ont confirmé ses effets positifs en vraie vie », indique la Pr Hanaire. La première, l’étude REFER, rétrospective multicentrique internationale, a mis en évidence, chez des diabétiques de type 2 sous insulinothérapie intensifiée, une baisse moyenne de 0,9 % de l’HbA1c trois à six mois après la pose du FSL. Dans la seconde, l’étude FUTURE, l’utilisation de FSL chez des diabétiques de type 1 s’est accompagnée d’une diminution significative des hypoglycémies sévères, des comas et de l’absentéisme au travail.
Encore des évolutions
Les systèmes de mesure en continu du glucose connaissent des évolutions permanentes, avec des mesures de plus en plus précises se traduisant par une réduction des hypoglycémies. Le FSL n’est pas le seul capteur disponible, il en existe actuellement deux autres, le Enlite et le Dexcom G4, qui poussent les données en temps réel de façon pro-active et sont dotés d’alarmes. Ils nécessitent encore des calibrations et leur champ d’indications est plus restreint, avec des critères d’hypoglycémies sévères et d’HbA1c. Le capteur Dexcom a récemment évolué avec une version G6 sans calibration, mais il n’est pas encore remboursé en France. Une nouvelle version du FSL, capable de générer des alarmes, devrait être disponible dans le courant de l’année 2020. « La possibilité d’avoir des alarmes est un progrès pour certains patients, par exemple ceux ayant des hypoglycémies nocturnes, estime la Pr Hanaire. Mais tous les patients n’en ont pas besoin ou n’en désirent pas et le choix du dispositif doit se faire de façon personnalisée, en fonction du sujet et de ses besoins ».
D’après un entretien avec la Pr Hélène Hanaire, présidente de la Société francophone du diabète, hôpital de Rangueil, CHU, Toulouse.
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