le 4 décembre dernier, l'expérimentation pilotée par le Fonds français de l'alimentation et la santé (FFAS) s'est achevée, après 10 semaines marquées par de fortes contestations. Le but de l'expérimentation : tester en conditions réelles dans 60 supermarchés, l'effet de 4 logos nutritionnels différents sur les habitudes de consommation.
Deux de ces logos sont dits synthétiques, Nutri-Score (défendu par le président du Programme national nutrition santé, Serge Hercberg) et SENS (développée par Nicole Darmon, du pôle Inra-Inserm Nutrition) et deux autres sont analytiques : le Nutri Repère et Traffic Lights.
La phase de préparation de l'expérimentation a été marquée par plusieurs départs dont celui du Pr Yves Lévy (directeur général de l'INSERM), qui a quitté le comité de pilotage de l'expérimentation. Le comité scientifique a, quant à lu,i perdu 3 de ses membres : Karine Gallopel-Morvan, professeure à l'École des hautes études en santé publique (Rennes), le Pr Philippe Ravaud de l'équipe de recherche INSERM « Méthodes de l'évaluation thérapeutique des maladies chroniques », et Denis Hémon du Centre de recherche épidémiologie et statistiques de Paris-Sorbonne.
Cascade de départs
En plus de ces désistements, ayant pour origine des désaccords d'ordre méthodologique, 3 autres membres du comité scientifique ont quitté le navire entre la fin de la phase de préparation et la mise en œuvre de l'expérimentation. Il s'agit notamment du Pr Jean Michel Oppert (centre de recherche de l'obésité à La pitié salpêtrière) et de Valérie Micard (SupAgro Montpellier), partis pour des problèmes « d'incompatibilité d'emploi du temps », selon Noël Renaudin, président du comité scientifique interrogé par le « Quotidien ». Valérie Micard et le Pr Oppert n'ont toutefois pas souhaité répondre à nos sollicitations pour commenter leurs départs.
Outre ces va-et-vient, les détracteurs de l'expérience du FFAS ne comprennent pas l'intérêt de cette démarche, estimant que la supériorité du Nutri-Score 5C avait déjà été démontrée dès 2015. C'est notamment le cas de la Société française de nutrition (SFN), la Société française de pédiatrie (SFP) et la Société française de santé publique (SFSP).
Le Collège de la médecine générale (CMG) a pour sa part fustigé la décision du gouvernement d'ajourner l'application de l'avis du Haut Conseil de santé publique (HCSP) qui préconise l'application immédiate du Nutri-Score. « Le système 5C/Nutri-Score est repoussé sous prétexte d'une expérimentation "grandeur nature" à la méthode discutable », estime le CMG.
Un autre reproche concerne le financement du FFAS, assuré pour moitié par l'industrie. « Nous avons plusieurs grands organismes de recherche en France dont l'INRA, dédié à l'agroalimentaire, détaille le lanceur d'alerte Pierre Meneton de l'unité INSERM 1142 (laboratoire d'informatique médicale et ingénierie de communication pour la santé), c'est incroyable que l'expérimentation ait été confiée à un organisme dont la moitié des fonds proviennent de l'industrie. »
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