Alors que le gouvernement doit présenter prochainement sa stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE), l’association Générations futures a dévoilé hier mercredi les résultats d’une analyse des pesticides présents dans les fraises qui démontrent « l’urgence d’une action préventive forte » dans ce domaine. Ainsi, sur 49 échantillons de fraises non-bio en provenance de France ou d’Espagne achetées dans des supermarchés de Picardie et de Haute-Normandie, puis analysées par un laboratoire agréé, 71,42 % contenaient des pesticides perturbateurs endocriniens (PE).
Dans le détail, 65,38 % des 26 échantillons français présentaient au moins un résidu de pesticide contre 78,26 % des 23 échantillons espagnols. Au total, 8 PE différents ont été retrouvés sur ces fraises issues de culture conventionnelle dont 91,83 % contenaient un ou plusieurs résidus de pesticides. Si le taux de présence de résidus de la quasi-totalité des molécules décelées s’est avéré conforme à la norme en terme de limite maximale autorisée, l’étude met en exergue un important « effet cocktail » entre ces produits. Dans les échantillons de fraises françaises, le nombre de résidus était compris entre 0 et 12 - quatre échantillons ne contenant aucun résidu détectable. Pour les fraises espagnoles, tous les échantillons comprenaient un nombre de résidus compris entre 1 et 8.
Substances interdites.
Plus grave encore, l’analyse de ces fraises a révélé la présence de pesticides interdits en Europe. Deux échantillons français contenaient de l’endosulfan, insecticide prohibé depuis 2005 tandis que deux échantillons espagnols contenaient du carbosulfan, un autre insecticide interdit depuis 2007 dans l’Union européenne. Par ailleurs, trois autres échantillons français incluaient des substances actives autorisées au niveau national en dehors de la culture de la fraise, contre deux échantillons espagnols. Si le volume des échantillons de produits analysés peut paraître de faible ampleur, il dépasse toutefois « nettement » le nombre de 30 échantillons considéré par la Direction générale de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) comme le seuil de représentativité, souligne Générations futures. L’association est néanmoins consciente des limites de son enquête qui ne « prétend pas être parfaitement représentative de la consommation alimentaire française moyenne et ne prétend pas refléter exactement l’état moyen de la présence de résidus de pesticides dans les fraises vendues en France ». En publiant mercredi ce deuxième volet de sa série de rapports EXPPERT (pour Exposition aux Pesticides PERTurbateurs endocriniens), Générations Futures espère mobiliser davantage l’opinion alors qu’une polémique entoure actuellement le projet de stratégie nationale sur les PE.
Le ver est dans le fruit
D’après l’association, le gouvernement serait « en passe de céder au lobby agro-industriel » en incluant dans la partie C.2.2 du texte de la SNPE consacrée aux produits phytosanitaires et biocides, la possibilité de réviser après « étude d’impact » les critères d’exclusion de certaines substances PE alors que le règlement européen 1107/2009 insiste sur l’exclusion a priori des pesticides reconnus PE sur la base de leur dangerosité intrasèque. « Alors que la France ambitionne d’être un pays leader en matière de lutte contre les perturbateurs endocriniens, nous appelons le gouvernement à supprimer la partie C.2.2 de la SNPE, un virus intégré par le ministère de l’Agriculture et soutenu aujourd’hui par le seul MEDEF », déclare François Veilerette, porte-parole de Générations futures. Offrir aux industriels ces voies de dérogation pour les PE serait selon lui un très mauvais signal envoyé au reste de l’Europe. De nombreux lobbies étant déjà à pied d’œuvre au cœur de la Commission européenne qui doit proposer d’ici le 14 décembre prochain, une définition des PE concernés par les critères d’exclusions établie dans la réglementation 1107/2009.
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