Les produits issus de l’agriculture biologique ne représentent que 5 % des achats des ménages en France. Mais ce chiffre est en forte augmentation. « Les consommateurs de produits bio déclarent faire ce choix pour préserver leur santé, pour la qualité et le goût de ces produits. Mais aussi, pour des questions d’éthique environnementale et de bien-être animal », affirme Sophie Prache, ingénieure de recherche spécialiste des ovins, au centre de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) de Clermont-Ferrand. Le prix de ces produits reste, toutefois, un obstacle majeur à l’achat, quand des doutes sur les conditions de production persistent au sein de la population.
L’agriculture biologique interdit le recours aux pesticides, aux fertilisants chimiques et aux traitements sur les animaux, minimise les produits pharmaceutiques de synthèse et favorise le bien-être animal. « Il s’agit là d’une obligation de moyens. Mais les consommateurs demandent, de plus en plus, une obligation de résultat sur la qualité des produits bio », souligne Sophie Prache.
Panne d’azote à l’horizon
L’Union Européenne s’est engagée à consacrer à l’agriculture biologique au moins 25 % des terres agricoles d’ici à 2030. Cependant, se passer d’engrais chimique implique de pouvoir enrichir le sol en fumier – mélange de végétaux et d’excréments de mammifères herbivores (bovins, chevaux, moutons, etc.). Aujourd’hui, il y en a largement assez pour fournir une agriculture qui ne dépasse pas 2 % des terres cultivées dans le monde. Mais l’horizon de 50 ou même 100 % de bio est-il tenable ? Selon un modèle développé par l’Inrae, dans le meilleur des cas — en réduisant la production animale et en la relocalisant près des cultures, tout en réduisant la ration moyenne consommée par les Occidentaux de 3 000 à 2 200 kcal et en divisant leur gaspillage alimentaire par deux — l’azote viendrait à manquer au-delà de 60 % de terres cultivées en bio.
Lancé fin 2020, le consortium MetabioAgribioLEG vise à évaluer le potentiel des espèces légumineuses (pois, luzernes, fèveroles) à fournir l’azote nécessaire à l’expansion de l’agriculture biologique. Ces plantes ont la capacité de le capter dans l’atmosphère et le fixer dans le sol, grâce à une symbiose racinaire avec des bactéries telluriques. L’azote converti sous forme assimilable peut être transféré vers les cultures non légumineuses (blé, maïs, colza, etc.), soit par la rotation des cultures, soit par leur association sur une même parcelle.
Sélection des végétaux
Concernant les pesticides, il y a actuellement un manque de semences adaptées à l’agriculture biologique, 95 % étant issues d’une sélection conventionnelle. Depuis 2011, l’Inrae a inscrit six variétés de blés tendres bio au catalogue officiel des plantes cultivées. À l’échelle de la ferme, la diversité génétique au sein d’une même variété est également importante, et des initiatives de sélections participatives voient le jour au sein des coopératives.
Associer des animaux au pâturage, comme les bovins et les ovins, permet aussi de diminuer leur charge parasitaire (par un effet dilution) et de mieux valoriser la prairie (leur prise alimentaire est complémentaire). Une expérimentation conduite dans le Massif Central entre 2015 et 2021 par l’Inrae a montré une amélioration des performances zootechniques et une réduction respectivement de 13 et 17 % d’émissions de gaz à effets de serre par kg de carcasse. Depuis 2018, le programme Mix-Enable évalue la durabilité et la résilience des élevages bio pratiquant la mixité d’espèces à partir de 128 enquêtes dans sept pays européens.
Ces travaux ne doivent pas occulter que l’agriculture conventionnelle peut également faire évoluer ses pratiques. « Elle pourrait se "verdir" en utilisant moins de pesticides, d’antibiotiques pour les animaux, et plus de fourrages dans l’alimentation des ruminants », note Sophie Prache.
Conférence organisée par l’Inrae « Agriculture biologique : vers un changement d’échelle », sept 2021
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