Puberté précoce, testostérone élevée, sexualité active

Le bel avenir reproductif des bébés garçons qui poussent vite

Publié le 15/09/2010
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Crédit photo : S Toubon

DE NOTRE CORRESPONDANT

ON A RÉCEMMENT émis l’hypothèse que des signaux environnementaux d’origine maternelle, exprimés au travers du placenta ou de l’allaitement, pourraient amener l’organisme en cours de développement à modifier ses réglages biologiques afin de s’adapter de manière anticipée à de nouvelles conditions d’évolution. Chez le mâle, l’axe HPG constitue un candidat potentiel de cette plasticité adaptative. On sait que l’axe HPG induit deux pics précoces de testostérone : le premier, in utero, responsable de la « masculinisation » des organes génitaux ; le second, durant les six premiers mois de la vie, avec des concentrations approchant celles de l’adulte pendant une brève période. La fonction de ce deuxième pic est encore très mal comprise.

L’axe hypothalamo-hypophyso-gonadique.

Les auteurs ont testé l’hypothèse selon laquelle la rapidité de la prise de poids durant les six premiers mois de la vie (B6M pour « Birth-to-6-Months »), qui est un témoin indirect des conditions de la croissance durant une période critique de l’axe HPG, est capable de prédire certains caractères de la stratégie de la reproduction chez l’homme. Ils ont utilisé des données recueillies chez 770 hommes jeunes (20,5-22,5 ans) lors d’une étude de cohorte depuis la naissance démarrée en 1983 dans la région de Cebu (Philippines).

Une analyse par régression logistique montre d’abord que deux indicateurs, le poids de naissance et la rapidité de la prise de poids pendant la période B6M, sont des éléments prédictifs significatifs de maturation précoce (stades PH4 et PH5 de l’apparition des poils pubiens). Les auteurs ont ensuite cherché s’il existait une telle relation avec le rythme de la maturation chez des jeunes femmes d’âge comparable aux hommes de la cohorte de Cebu, non enceintes (n = 690). Chez ces dernières, la rapidité de la croissance pondérale durant la période B6M n’est pas un bon élément prédictif de l’âge des premières règles.

L’âge des premières relations sexuelles.

Une modélisation de la relation avec les comportements reproducteurs masculins montre par ailleurs que la rapidité de la prise de poids pendant la période B6M est le seul élément prédictif significatif de l’âge des premières relations sexuelles. Elle est aussi le premier critère prédicteur (par comparaison avec des rythmes de croissance pondérale plus tardifs : 6 à 12 mois et 18 à 24 mois) du nombre de partenaires, cela de manière indépendante de la maturité précoce.

Il semble donc exister une association, chez l’homme (mais non chez la femme), entre la rapidité de la croissance pondérale au tout début de l’existence (entre la naissance et l’âge de six mois) et différents témoins de la maturation sexuelle (puberté plus précoce, activité sexuelle plus marquée). Les auteurs avaient également montré, dans un travail antérieur, une relation avec des concentrations en testostérone plus élevées, une taille plus grande et une force de préhension plus importante. L’ensemble de ces données plaide pour l’existence d’une certaine plasticité adaptative à une période de la vie où l’axe hypothalamo-hypophyso-gonadique, dont on sait l’implication dans la biologie de la reproduction, est particulièrement actif.

CW Kuzawa, N Lee et coll. Rapid weight gain after birth predicts life history and reproductive strategy in Filipino males. Proc Natl Acad Sci USA (2010) Publié en ligne.

 Dr BERNARD GOLFIER

Source : Le Quotidien du Médecin: 8815