LE QUOTIDIEN : Pour la deuxième année consécutive, la Société Francophone du Diabète a organisé son congrès annuel de manière 100 % virtuelle. Quelles leçons ont-elles pu être tirées du congrès 2020, qui devait avoir lieu à Bruxelles pour l’édition 2021 de Strasbourg ?
PR CHARLES THIVOLET : L’an passé, nous avons vécu une longue phase d’espoirs et de déceptions. En raison de l’arrivée du coronavirus, nous avons d’abord décalé le congrès en juin puis en septembre, avec toujours l’espérance que pourrions avoir la chance de nous voir. Puis, durant l’été, il a fallu changer d’option et, au final, ce congrès s’est mis en place dans les plus mauvaises conditions. Il s’est tenu en septembre et, si nous avons réussi à maintenir la majorité du programme prévu, les conditions étaient compliquées, avec très peu d’interactions entre les participants. Il y avait beaucoup de présentations enregistrées, ce qui ne favorisait pas les échanges.
Cette année, c’est différent. Dès le mois de décembre, nous avons pris la décision de basculer dans le 100 % virtuel pour ce congrès de Strasbourg. Cette fois, nous avons cinq chaînes live parallèles, ce qui nous donne une plus grande souplesse dans l’organisation des présentations, des symposiums et des tables rondes. Certes, il y a encore des enregistrements, mais les présentateurs et les modérateurs sont en live, et peuvent faire vivre le débat avec l’assistance.
Combien de personnes participent à ce congrès ?
Pour l’instant , nous avons plus de 2 500 inscriptions, un peu comme pour le congrès de l’an passé. Pour un congrès ordinaire, nous réunissons environ 4 000 personnes. Mais, pour un congrès en 100 % virtuel, cette participation est vraiment satisfaisante.
Ce congrès est-il l’occasion de faire le point sur les conséquences de cette crise sanitaire sur l’activité des services de diabétologie ?
Oui bien sûr, nous avons tous beaucoup d’interrogations sur la manière dont les services hospitaliers font face à cette crise depuis un an. La première vague, en mars 2020, a été un véritable choc et a complètement désorganisé notre activité. Toutes nos consultations ont été fermées et le personnel a été déplacé dans des unités qui n’étaient pas vraiment reconnues comme spécialisées sur la prise en charge des maladies chroniques. Elles étaient justes « Covid + » ou « Covid – » C’est dans ces conditions que le personnel est monté au front, avec beaucoup de détermination.
Après cette année, nous avons souhaité, à l’occasion du congrès, avoir une « photo » de la situation actuelle [lire p. 4-9]. Est-ce que les équipes se sont reconstituées ? Si, oui dans quelles conditions ? Ont-elles procédé à des réorganisations ? Comment se fait aujourd’hui l’introduction de nouveaux dispositifs, par exemple de boucle fermée [lire p. 14-17] ? C’est pour essayer de répondre à ces questions que nous avons adressé un questionnaire à une centaine de structures hospitalières. Et les résultats de cette enquête sont présentés lors des questions d’actualité du congrès.
La téléconsultation s’est beaucoup développée depuis un an. Pensez-vous qu’après cette crise, elle pourrait rester un mode de consultation comme un autre ?
La téléconsultation a clairement été utile, en particulier lors du premier confinement. À l’époque, le déplacement des personnes diabétiques avait été considéré comme peu utile. Et cette téléconsultation était le seul moyen de garder contact avec eux pour assurer leur suivi. Aujourd’hui, les besoins en télémédecine sont moindres mais, dans certains cas et pour certains patients, elle reste une possibilité.
Pour l’avenir, il faut attendre de voir comment ce mode de consultation sera valorisé. Mais il est clair que, dans le suivi d’une maladie chronique comme le diabète, le présentiel reste à privilégier.
Quel est l’état des connaissances sur les raisons pour lesquelles le diabète est une comorbidité à risque face à la Covid-19 ?
C’est bien sûr un thème d’actualité majeur qui est abordé au congrès ; nous essayons de comprendre les facteurs expliquant dans quelle mesure le diabète est associé aux formes graves. L’étude Coronado, initiée par le CHU de Nantes, continue à nous apporter des premières réponses. Les analyses des facteurs de susceptibilité, de l’effet des thérapeutiques à l’admission hospitalière, des mécanismes inflammatoires chroniques associés avec l’obésité, nous ont aussi apporté des éléments importants de compréhension.
Une des pistes serait que les cellules adipeuses favorisent un état d’inflammation chronique qui, ensuite, ferait le lit d’une réponse inflammatoire très importante au niveau respiratoire
Un dernier thème important est celui de l’accès à l’innovation…
Oui, l’accès aux innovations de santé est une priorité de la SFD, en lien avec la Fédération Française des Diabétiques. Et c’est tout le sens de la table ronde organisée au cours du congrès avec Mme Rumeau-Pichon, la vice-présidente du Comité économique des produits de santé (CEPS). Elle devrait permettre d’aborder ensemble les éléments clés qui notamment caractérisent l’accès en France à l’insulinothérapie automatisée (pancréas artificiel). Un sujet essentiel est celui de l’accès de tous les patients, partout sur le territoire, à ces innovations. Et nous devrions en débattre avec les professionnels de santé, les patients et la Haute autorité de santé (HAS)
Exergue : Le personnel a été déplacé dans des unités qui n’étaient pas vraiment reconnues comme spécialisées sur la prise en charge des maladies chroniques, elles étaient justes « Covid + » ou « Covid – »
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