Les RDV du QUOTIDIEN : Parcours de soins en diabétologie

Le développement de la télémédecine passe par des expériences réussies

Publié le 12/06/2014
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Comme l’a rappelé le Dr Pierre Simon, président de l’Association nationale de télémédecine (Antel), le développement de la télémédecine est une nécessité compte tenu de plusieurs réalités : une démographie médicale préoccupante (baisse légère de la densité globale, diminution plus forte du nombre de spécialistes, progression des zones à faible densité), baisse des ressources financières, vieillissement de la population, prévalence en hausse des maladies chroniques et, en particulier, du diabète (+ 51 % entre 1999 et 2016). Sans oublier l’implication de plus en plus forte du patient dans la gestion de sa maladie.

Le diabète est une priorité

Mais, si depuis 2011, le diabète est l’une des cinq priorités nationales de déploiement de la télémédecine, c’est aussi pour améliorer le parcours de soins coordonnés entre le premier et le second recours, dans une pathologie qui nécessite une prise en charge pluridisciplinaire : téléconsultation et télésurveillance facilitant les rapports avec les patients ; téléexpertise permettant d’obtenir des avis spécialisés multiples. In fine, la télémédecine – qui, contrairement à l’e-santé, est réservée aux professionnels de santé – ne peut que favoriser l’échange des données.

Des prérequis

Cela étant dit, le développement de la télémédecine impose des évolutions technologiques, de l’organisation de l’offre de soins, des financements et… des mentalités.

Sur le plan technologique se pose, bien sûr, le problème de la communication entre les systèmes informatiques utilisés et le logiciel de chaque médecin. Il est tout aussi indispensable de valoriser le temps passé par les différents acteurs, ce qui passe, à terme, par des réformes globales (réformes de la T2A à l’hôpital, mise en place du paiement à la fonction…).

Surtout, on voit mal comment le développement de la télémédecine pourra se faire sans une réforme de l’organisation des soins (protocoles de coopération professionnelle prévus dans la loi HPST, délégations de tâches aux paramédicaux…), sans parler de l’amélioration du partage des données.

Ces mutations demanderont du temps, ce qui fait dire que la première étape est la réalisation d’opérations ponctuelles répondant à un projet médical bien défini, en travaillant le plus possible au niveau régional.

Un exemple de projet de télémédecine appliqué au diabète

Le programme Diabeo, actuellement en cours de développement dans le cadre de l’étude clinique Télésage, s’inscrit parfaitement dans ce cadre, avec l’association de trois systèmes : une application Smartphone d’aide au calcul des doses d’insuline pour le patient ; un portail en ligne à la disposition des médecins, permettant un accès aux données de surveillance, avec des analyses automatiques ; une plate-forme protocolisée (délégation de tâches validée par les agences régionales de santé [ARS]) de télésuivi par des infirmières spécialement formées.

L’intérêt d’un tel système est d’associer des informations synchrones (en temps réel) et asynchrones (en différé, venant des soignants).

On a déjà pu mesurer l’efficacité de Diabeo (étude Télédiab 1) : réduction du taux d’HbA1c de 0,7 % à 6 mois par rapport au suivi habituel et même de 0,9 % quand on y associe des consultations téléphoniques. L’étude Télésage devrait regrouper 700 patients diabétiques et devrait permettre de valider cette démarche sur une plus large échelle.

Agir au niveau régional

Même si Télésage est une étude nationale, sa mise en œuvre est gérée au niveau régional. Cela correspond à la volonté de tous les participants d’avancer à travers des projets régionaux : quand il s’agit du nécessaire partage des données, les Lyonnais misent plus sur l’expérience menée en Rhône-Alpes que sur le lointain DMP.

La région Nord-Pas-de-Calais a déjà à son actif plusieurs réalisations dans le domaine de la télémédecine : diagnostic anténatal et, plus récemment, mutualisation des gardes de neurologie vasculaire (opération télé-AVC). Et, dans le cadre du diabète, le projet Diabevi élaboré avec l’ARS pour améliorer le parcours de soins ; on compte pas moins de quatre actions consacrées à la télémédecine (dépistage de la rétinopathie, surveillance du diabète gestationnel, outil d’aide à la décision en médecine générale et participation à l’étude Télésage).

On le voit, la télémédecine existe vraiment sur le terrain et les financements arrivent : nul doute que la réussite des expériences actuelles va accélérer ce mouvement.

(1)Organisé avec le soutien institutionnel de Sanofi-Diabète

(2)La réunion de Lille était animée par le Dr Pierre Simon (président de l’Antel) et le Pr Pierre Fontaine (diabétologue). La réunion de Lyon l’était par le Dr Agnès Caillette-Beaudoin (vice-présidente de l’Antel) et le Pr Pierre-Yves Benhamou (diabétologue, Grenoble).

Dr Alain MARIÉ

Source : Bilan spécialistes