Le lien entre pollution environnementale et hypospadias pour la première fois démontré

Publié le 08/06/2015

Il n’y avait jusqu’ici que de fortes suspicions… Il est désormais avéré que l’exposition du fœtus à des solvants, des détergents et/ou des pesticides, via la mère, au cours des trois premiers mois de grossesse multiplie par trois les risques d’hypospadias chez le nouveau-né. C’est ce qui ressort d’une étude publiée lundi 8 juin dans la revue « European Urology ». L’étude a été réalisée par deux médecins du CHU de Montpellier le Pr Nicolas Kalfa, chirurgien pédiatrique, et le Pr Charles Sultan, endocrinologue pédiatrique, en partenariat avec les services hospitalo-universitaires de Bordeaux, Marseille et Nice.

L’hypospadias, deuxième malformation génitale masculine, concerne environ 0,3 % des naissances. En 2011, une étude de l’Institut national de veille sanitaire (InVS) a montré que les nouveau-nés du Languedoc-Roussillon et de PACA étaient plus touchés ici que dans le reste de la France. C’est ce qui a conduit les Prs Kalfa et Sultan à lancer cette étude.

Perturbateurs endocriniens

Une analyse moléculaire par prise de sang de 600 enfants, dont 300 atteints d’hypospadias, a d’abord visé à exclure le caractère génétique de la malformation. Un questionnaire environnemental (inhalation, contact, ingestion), auquel ont dû répondre leurs parents, a permis aux médecins d’établir que le risque de malformation de la verge était accru chez l’enfant dont la mère, alors enceinte, était exposée aux peintures et solvants (16 %), aux détergents (11 %), et/ou aux pesticides (9 %) lors des premiers mois de grossesses.

Ainsi, de la plus à la moins fréquente, les professions exposées à des perturbateurs endocriniens chez les mères d’enfants porteurs d’hypospadias sont : femmes de ménage, coiffeuses, esthéticiennes et travailleuses en laboratoire ; chez les pères, les agriculteurs, les travailleurs en laboratoire, les professionnels du nettoyage ou encore les mécaniciens et les peintres sont les plus concernées.

« L’étude démontre pour la première fois que l’exposition professionnelle habitationnelle ou domestique, et a fortiori leur association, augmente fortement le risque de malformation génitale », souligne le Pr Charles Sultan

 

En outre, l’étude met en exergue que « la présence d’un site potentiellement contaminant dans un rayon de 3 km autour du lieu d’habitation au cours de la grossesse – usine d’incinération, décharge, usine chimique ou culture intensive – est plus fréquente dans le cas d’enfants hypospades (et que) l’accumulation des différents types d’exposition aux perturbateurs endocriniens augmente le risque de malformation », explique au « Quotidien » le Pr Nicolas Kalfa qui précise que « l’aspect de la malformation ne permet pas de différencier la responsabilité environnementale de la responsabilité génétique dans la survenue de l’hypospadias ».

Ces résultats militent en faveur de la mise en place d’une politique de prévention notamment quant à l’utilisation des pesticides.

De notre correspondant Guillaume Mollaret

Source : lequotidiendumedecin.fr