Ce numéro du Quotidien du Médecin consacré à notre spécialité, tant pédiatrique qu’adulte, renvoie à l’approche nécessairement globale du patient, une spécificité bien connue de nos pratiques. On voit que, dans tous les domaines de nos exercices, hospitalier comme libéral, en endocrinologie comme en diabétologie, tous ceux qui ont contribué à ce numéro font référence à l’éducation thérapeutique (ETP). D’ailleurs tout le monde n’a plus que ce mot à la bouche et les DU et autres diplômes ne désemplissent pas. La loi HPST lui a consacré un long chapitre, l’a reconnue comme une dimension incontournable, surtout comme « un droit du patient ». Force est de constater que la grande majorité des autorisations de programme ETP délivrées par les ARS concerne les centres hospitaliers et d’ailleurs que ceux dédiés aux diabètes y sont encore majoritaires. Certes, on ne peut que soutenir l’idée développée dans ce numéro par le Pr Penfornis : que la formation initiale des médecins doit comprendre ces enseignements – y compris savoir faire en sorte que le partage avec tous les acteurs paramédicaux de la prise en charge des patients soit favorisé – afin que demain nos jeunes collègues médecins sachent collaborer autour des patients au sein de services hospitalier et d’autres structures, dont les maisons et centres pluridisciplinaires, que les institutions veulent justement développer dans les vingt prochaines années. Ceci conduit les défenseurs de cette approche à considérer, en quelque sorte, que l’on ne parlera plus d’ETP puisqu’elle sera devenue « naturelle » car intégrée aux soins, définition de l’OMS. Certes, certes… ! Mais ne rêvons pas, et regardons autour de nous : d’une part la démographie médicale est ce qu’elle est, les maisons de santé ne vont pas couvrir le territoire français, dont ses déserts médicaux, en un clin d’œil, et d’autre part les acteurs de santé n’auront pas tous – ni tout de suite – la possibilité, le désir, la volonté de ces approches ETP. Et, pendant ce temps, le « droit inaliénable » du patient à cette ETP, si justement affirmé, ces référentiels métiers et HAS pour assurer la qualité de l’ETP en France, que deviendront-ils ? Regardons, enfin, au-delà de nos frontières (Grande-Bretagne, Italie, Allemagne, Pays-Bas…) : nous devons aussi offrir, comme eux, et comme les réseaux l’ont fait, une ETP de groupe et individuelle au service du patient et de soignants totalement débordés par les tâches quotidiennes écrasantes qui trouvent là une aide à la motivation de leurs patients. Les réseaux et autres structures à but non lucratif devraient pouvoir continuer à offrir ce service ETP tout en jouant un rôle formateur des praticiens, MG, IDE, pharmaciens, etc.. Qui demain prendront le relais, mais sûrement pas tous et pas pour tous les patients. La diversité des solutions, et pas la réponse unique, le choix, et pas l’obligation. Un débat à ouvrir au plan institutionnel.
Service diabétologie Pôle Digestif.
DUNE Pavillon les Écrins CHU Grenoble.
Faculté J. Fourier.shalimi@chu-grenoble.fr
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