« NOUS AVONS découvert que des taux élevés d’acides gras circulants dans le sang, comme cela est observé dans l’obésité et le diabète de type 2, peuvent directement accroître des marqueurs importants du risque de maladie cardio-vasculaire, explique au « Quotidien » le Dr Preeti Kishore (Albert Einstein College of Medicine, New York). Ceci semble dû à l’activation des macrophages du tissu adipeux, un type de cellule inflammatoire fascinant qui s’accumule dans le tissu gras lorsque les individus deviennent obèses. Dans les circonstances normales, les macrophages du tissu adipeux pourraient avoir une fonction d’entretien de la santé ».
« Nous avons montré que l’augmentation des taux d’acides gras libres circulant dans le sang provoque l’activation des macrophages du tissu adipeux, qui produisent alors des cytokines, potentiellement néfastes. On pense que leur augmentation majore le risque de diabète et de maladie cardiaque. De plus, des facteurs sécrétés localement par les adipocytes semblent agir de concert, avec les taux sanguins élevés d’acides gras libres, pour activer les macrophages du tissu adipeux. »
La cytokine pro-inflammatoire PAI-1.
Un objectif majeur de la recherche sur l’obésité est de découvrir le moyen de rompre le lien avec ses pathologies associées, comme le diabète de type 2 ou la maladie cardio-vasculaire. De nombreuses études ont impliqué l’inflammation dans cette association et, notamment, la cytokine pro-inflammatoire PAI-1 (inhibiteur des activateurs du plasminogène) qui contribue à la fois à l’athérosclérose et à l’insulinorésistance.
Une question non résolue est de savoir comment les signaux métaboliques induits par l’obésité sont traduits en réponse inflammatoire.
Kishore et coll. ont étudié 30 adultes volontaires sains (25 hommes et 5 femmes) ayant une surcharge pondérale, mais ni diabète, ni maladie cardiaque. Afin de reproduire l’état d’hyperlipidémie observé chez les individus obèses, ils leur ont perfusé, pendant 5 heures, des acides gras libres (AGL). Ils ont prélevé ensuite de la graisse sous-cutanée afin d’examiner les changements inflammatoires aigus.
Dans les macrophages du tissu adipeux.
Les résultats montrent une forte inhibition de la capture du glucose stimulée par l’insuline, une élévation proportionnelle des taux sanguins de cytokine pro-inflammatoire PAI-1, une augmentation de l’expression du gène PAI-1 spécifiquement dans les macrophages du tissu adipeux et non dans les adipocytes.
À l’inverse, l’expression du PAI-1 dans les monocytes circulants (à la source des macrophages tissulaires) est très faible et n’est pas affectée par les taux accrus d’AGL.
De plus, les chercheurs ont conduit une expérience in vitro. Elle montre que le milieu de culture des adipocytes stimule l’expression du PAI-1 dans les macrophages et augmente l’expression de l’ARNm PAI-1 en réponse aux AGL.
« Nos données suggèrent que des facteurs sécrétés par les adipocytes sensibilisent les macrophages adipeux afin qu’ils répondent aux signaux nutritionnels (les acides gras libres) en libérant une adipokine inflammatoire clé, PAI-1 », concluent les chercheurs.
« Actuellement, les acides gras libres ne sont pas considérés comme une cible pour les traitements pharmacologiques, même si leurs taux sanguins peuvent être réduits quelque peu par certains médicaments du diabète, ainsi que par la perte de poids, laisse entrevoir le Dr Kishore. Cette recherche souligne le rôle important des acides gras libres circulants, ainsi que du tissu adipeux, dans l’augmentation des risques de diabète et de maladie cardio-vasculaire liés à l’obésité. Une compréhension de ces mécanismes (avec l’identification des facteurs sécrétés par les adipocytes) qui activent les macrophages pourrait conduire à de nouvelles thérapies ciblant les maladies liées à l’obésité.»
Science Translational Medicine, 24 février 2010.
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