Une femme à la tête de la Société francophone du diabète (SFD) ? C’est une grande première. « Et j’en mesure toute l’importance », explique la Pr Hélène Hanaire, qui a pris ses fonctions en décembre avec la volonté de s’engager avec « énergie et enthousiasme pour poursuivre les actions lancées par ses prédécesseurs mais aussi défendre des dossiers qui lui tiennent à cœur ».
Un des principales missions de la SFD sous le mandat de la Pr Hanaire, restera bien sûr la promotion de la recherche en diabétologie. C’est un axe majeur pour la société savante, qui est celle qui distribue le plus de bourses de recherche. Une Fondation pour la recherche en diabétologie a été créée il y a quelques années afin de développer de gros projets de recherche, financés en général à hauteur de 300 000 €.
Éducation thérapeutique, clinique
« Parmi les allocations que nous allons distribuer, il y en aura une qui sera consacrée à l’éducation thérapeutique, précise la Pr Hanaire. C’est un sujet majeur dans notre spécialité, qui a été la première à promouvoir ce concept [lire p 4]. D’autres ont suivi, mais c’est important que la diabétologie reste en pointe dans ce domaine. Cette allocation de recherche clinique pourra associer des médecins et des paramédicaux ». La première bourse sur l’éducation thérapeutique, créée l’an passé, sera remise lors du congrès.
« Nous souhaitons aussi développer les bourses dans le domaine de la recherche clinique, souligne-t-elle. Nous sommes plus présents sur la recherche fondamentale ou la recherche translationnelle [lire p 7]. Cela doit rester important, mais il faut aussi que la SFD promeuve la recherche clinique et que les jeunes médecins puissent s’en saisir ».
Première cohorte DT1
Projet d’envergure pour 2018 : la mise en place d’une cohorte nationale de diabétiques de type 1 (lire page suivante). « On constate que dans certains pays, en particulier en Scandinavie, il existe des registres très bien organisés sur le diabète de type 1. En France, nous sommes un peu en retard dans ce domaine, explique la Pr Hanaire. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de constituer cette cohorte, qui suscite un grand intérêt dans la communauté diabétologique. Les premières inclusions devraient démarrer en 2018. »
Cette cohorte devrait permettre d’explorer un certain nombre de problématiques, par exemple le risque cardiovasculaire chez les diabétiques de type 1. « C’est un risque moins bien connu que pour les diabétiques de type 2, souligne-t-elle. Grâce à cette cohorte, nous allons aussi pouvoir travailler sur les technologies avancées dans le diabète de type 1 ou les aspects psychosociaux de la maladie. »
Une place de choix dans la formation
La Pr Hanaire poursuivra une autre mission phare de la SFD : le développement de la diffusion de la science et des connaissances. « On le fait bien sûr à travers notre congrès et les revues de la spécialité. Ma volonté est que le congrès de la SFD continue à être accessible au plus grand nombre et à tous les modes d’exercice. Ainsi, nous souhaitons impliquer davantage nos collègues libéraux et nous y travaillons dans l’élaboration du programme du congrès, souligne-t-elle. Nous avons également reconduit le village e-diabète, qui avait connu un grand succès l’an passé. C’est un espace où peuvent être présentées toutes les applications dans le domaine du diabète connecté ».
À ce congrès de printemps, qui débutera demain le 20 mars, s'ajoute aussi une réunion annuelle thématique d'automne, en coopération avec d'autres sociétés savantes. Chaque édition donne lieu à l'édition d'un numéro spécial des revues Diabète et métabolisme ou Médecine des maladies métaboliques. Les sessions sont aussi enregistrées afin que chacun puisse les écouter à sa guise.
Selon la Pr Hanaire, il faut que la SFD continue à s’impliquer fortement dans la formation des jeunes diabétologues. « C’est la raison pour laquelle nous avons renouvelé cette année, pour notre congrès, le symposium intergénérationnel avec des thématiques traitées par un binôme, d'un interne et d'un sénior », indique-t-elle.
Un autre grand enjeu, cette année, est la mise en place du nouveau diplôme d'études spécialisées (DES) de la spécialité. « Avant, il y avait un DES endocrinologie-diabète-maladies métaboliques et les personnes qui le souhaitaient pouvaient ensuite faire un DESC de nutrition. Désormais, nous avons un seul DES endocrinologie-diabétologie-nutrition. C’est un vrai enjeu de formation pour les internes qui arrivent et la SFD doit y prendre toute sa place », considère-t-elle.
Des partenariats qui se développent
Enfin, la Pr Hanaire développera les partenariats dans différents domaines. « Nous allons travailler avec l’Association française des diabétiques (AFD) pour la mise en place d’un programme d’e-learning pour les soignants et les patients, à propos des outils de mesure continue du glucose. Nous mettons aussi en route une nouvelle newsletter. Ces différents outils sont importants car ils permettent de toucher des jeunes collègues qui ne viennent pas toujours au congrès ainsi que nos collègues du Maghreb ou d’Afrique subsaharienne [lire p 4] ».
La Pr Hanaire a aussi l'intention de travailler en lien étroit avec les autres sociétés savantes sœurs et les associations de patients. « C’est important d’être unis et de parler d’une seule voix auprès des tutelles, de la Haute autorité de santé (HAS) ou de l’Assurance-maladie. C’est en agissant ainsi que, l’an passé, nous avons pu obtenir le remboursement du Freestyle Libre puis, début 2018, celui de la pompe 640 G [lire p 6] », considère-t-elle, en insistant sur sa volonté de favoriser l’accès à l’innovation, autant dans le domaine des dispositifs médicaux que des médicaments pour le diabète de type 2. « C’est en étant unis que nous continuerons à proposer des consensus comme celui que nous avons élaboré sur le traitement du diabète de type 2. Cela a été un travail important et, cette année, nous souhaitons dialoguer avec les pouvoirs publics sur la stratégie pour mettre en place ce traitement. Nous voulons aussi avoir des échanges avec les tutelles sur d’autres sujets, en particulier l’ambulatoire, les soins de suite et de réadaptation ou la télémédecine ».
Entretien avec la Pr Hélène Hanaire, présidente de la Société Francophone du Diabète (SFD), chef du service de diabétologie, maladies métaboliques et nutrition et du pôle cardiovasculaire et métabolisme du CHU de Toulouse
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