« La chirurgie métabolique est un outil extrêmement efficace pour entraîner une perte de poids durable mais il s’agit aussi d’une solution de premier plan pour les patients ayant un diabète déséquilibré. Avec la chirurgie, on atteint d’abord une perte de poids durable d’environ 30 % du poids initial. Et on obtient aussi un résultat inédit chez les deux-tiers de ceux ayant un diabète : pendant 8 ans, ils n’auront plus besoin de prendre des médicaments tout en ayant une glycémie parfaitement maîtrisée. C’est vraiment un message à faire passer aux tutelles et aux organismes payeurs qui ont tendance à ne voir cette chirurgie qu’à travers de son seul coût », explique Patrick Ritz, professeur de nutrition clinique et responsable du centre intégré de l’obésité au CHU de Toulouse.
Premier constat : la chirurgie métabolique ne peut pas se suffire à elle-même. « Pour obtenir de bons résultats, il faut qu’elle soit faite dans le cadre d’une stratégie thérapeutique globale visant à mieux accompagner le patient pour qu’il change ses habitudes alimentaires, son activité physique et son hygiène de vie. Tous les rapports, y compris celui très récent de l’Igas, insistent sur le fait ne pas faire de la chirurgie de manière isolée », indique le Pr Ritz.
Selon lui, on observe aussi aujourd’hui un changement de paradigme. « Quand on a commencé à faire cette chirurgie dans les années 1970, l’objectif était la seule perte de poids. Mais aujourd’hui, nous avons de plus en plus de données solides dans la littérature pour montrer que cette chirurgie a aussi un impact sur la glycémie, les paramètres lipidiques et la stéatose. C’est ce qui a conduit 45 sociétés savantes à proposer que cette chirurgie ne soit pas seulement autorisée mais bel et bien recommandée pour les patients avec un IMC à 35 et un diabète déséquilibré », indique le Pr Ritz, en précisant que, pour l’instant, cette proposition n’a pas encore été validée par les instances françaises, alors qu’elle l’est par l’ADA et l’EASD . « Sans la recommander, on pourrait considérer cette chirurgie chez des patients avec un IMC à 30 et au-delà avec un diabète déséquilibré », ajoute-il.
Une chirurgie qui doit donc s’inscrire dans un accompagnement plus large du patient. « Pour qu’un patient arrive à perdre du poids, il faut certes qu’il change ses habitudes alimentaires et qu’il fasse davantage d’activité physique. Mais pour que cela fonctionne, il ne suffit pas de faire passer ce message une seule fois lors d’une consultation. Il faut que le patient s’inscrive dans une stratégie de changement durable », explique le Pr Ritz. Pour impulser ce changement, l’éducation thérapeutique se révèle importante. « Mais cela peut ne pas suffire. Il faut aussi s’appuyer sur des stratégies cognitivocomportementales individuelles ou de groupe qui vont permettre de promouvoir ce changement dans la durée », indique le Pr Ritz, en ajoutant que ce changement n’est possible que via un phénomène d’entraînement. « Il ne suffit pas de faire une séance d’éducation thérapeutique isolée pour impulser de vrais changements de comportement. Il faut des actions répétées dans le temps, avec une intensification », indique le Pr Ritz, en précisant que son service a mis en place un programme inspiré de « Diabetes prevention program ». « On voit les patients 16 fois dans l’année pour les inciter à faire davantage d’activité physique, améliorer leurs habitudes alimentaires et arrêter de fumer ».
Entretien avec Patrick Ritz, professeur de nutrition clinique et responsable du centre intégré de l’obésité au CHU de Toulouse.
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