La Société française de diabétologie a lancé en mars 2020 un registre national dédié aux diabétiques hospitalisés pour Covid-19. Visant initialement 300 patients, ce registre a rassemblé in fine 3 000 diabétiques recrutés dans 68 centres en métropole et outre-mer. L’analyse de leur devenir a permis d’esquisser l’impact de l’infection virale sévère dans cette population à court (J7) et moyen terme (J28) dans l’attente du suivi à plus long terme.
Les premiers résultats concernent 1 400 sujets entrés à l’hôpital entre le 10 et le 31 mars 2020. Âgés de 70 ans en médiane avec 65 % d’hommes, ces sujets ont un indice de masse corporelle (IMC) moyen de 28,4 kg/m2. Parmi eux, 88 % sont des sujets diabétiques de type 2 (DT2), 3 % des diabétiques de type 1 (DT1) et 6 % ont un autre type de diabète. Cette première cohorte publiée dans « Diabetologia » montre que, lors de cette première vague, près d’un diabétique sur cinq (19 %) hospitalisés pour Covid-19 était intubé ou décédé au bout d’une semaine (1). La mortalité totale à J7 est de 11 %. Toujours à J7, seul un quart était sorti de l’hôpital pour rentrer chez eux (20 %) ou en soins de suite et de réadaptation (5 %). Une large majorité était donc encore hospitalisée en service de médecine ou en réanimation.
En analyse univariée, plusieurs facteurs, dont le sexe masculin et l’IMC, pèsent sur le risque d’intubation ou de décès à J7, mais pas l’âge ni le niveau d’HbA1c. En revanche, en analyse multivariée, l’IMC, la dyspnée, les taux de lymphocytes, de CRP et d’ASAT sont des facteurs pronostiques indépendants d’intubation et/ou de décès. L’âge (RR = 2,14 ; 1,16-3,94) et les complications macrovasculaires (RR = 2,54 ; 1,44-4,50) sont, eux, les deux seuls facteurs indépendants de mortalité précoce.
À un mois, 20 % de décès
L’analyse à J28 porte sur la cohorte entière, soit 2 800 diabétiques hospitalisés pour Covid-19 en mars. Elle montre que près d’un mois après leur hospitalisation, un cinquième des diabétiques ayant eu une infection sévère à Covid-19 sont décédés (20 %) (2). Par ailleurs, plus d’un sur dix (12 %) est toujours hospitalisé. La moitié est rentrée chez elle. Et 17 % sont en soins de suite et de réadaptation.
Un âge élevé, la présence d’une micro-angiopathie, d’une dyspnée, d’une hyperleucocytose et/ou d’une élévation des ASAT et de la CRP sont des facteurs pronostiques péjoratifs à J28. À nouveau, le contrôle glycémique mesuré par l’HbA1c n’a pas d’impact pronostique significatif.
Long terme à préciser
L’analyse de ce registre met en évidence des facteurs pronostiques classiques. Comme chez les non-diabétiques, l’IMC, la dyspnée, la lymphopénie et l’inflammation (CRP) majorent le risque d’intubation et décès précoces. Quand l’âge et les complications macrovasculaires majorent la mortalité. Plus étonnant, le contrôle glycémique n’impacte pas le pronostic à ce stade (J28). Manquent toutefois des informations sur le devenir des patients en soins de suite et de réadaptation ou suivis en ambulatoire, mais c’est également le cas pour la population contrôle non-diabétique.
Le suivi à plus long terme, à partir des données de l’Assurance-maladie, devrait quant à lui permettre de préciser le risque plus large de complications graves – réhospitalisations, décès – et l’impact éventuel de l’infection sur l’équilibre du diabète.
(1) B Cariou et al. Diabetologia 2020;63:1953–7
(2) M Wargny et al. Session ABS-701, SFD 2020.
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