Pour assurer notre survie, notre organisme déploie des stratégies permettant de détecter les variations dans l'environnement nutritionnel, mais aussi, d'effectuer des régulations des voies métaboliques de production d'énergie. Par exemple, à jeun, le cerveau peut continuer à fonctionner grâce à la réserve hépatique en glycogène qui lui procure le glucose nécessaire.
« Lorsque nous consommons des aliments, une partie du glucose est utilisée par le cerveau et les hématies, une autre partie est transformée en glycogène et stockée dans le foie et dans le muscle. Les voies métaboliques sont responsables de notre comportement vis-à-vis de la nourriture. Nous avons, ainsi, sans arrêt des stratégies adaptatives vis-à-vis de l'environnement nutritionnel et parmi ces stratégies, la régulation des gènes tient une part importante », souligne le Pr Pascal Ferré, professeur à l'Université Pierre et Marie Curie et directeur du centre de recherche des Cordeliers, spécialiste en diabétologie.
Une régulation des gènes de la lipogenèse
Ainsi, le glucose contrôle la régulation de certains gènes. La lipogenèse notamment, est une voie métabolique particulièrement contrôlée par l'environnement nutritionnel. « Lorsque nos repas sont trop riches en glucides, l'excès de glucose ingéré est transformé en graisses pour être, ensuite, stocké dans le tissu adipeux. Chez l'homme, cette lipogenèse s'effectue essentiellement dans le foie.
La transition allaitement maternel/ sevrage est très intéressante pour étudier ces adaptations nutritionnelles chez les petits mammifères », note le Pr Ferré. En effet, lorsque le rongeur passe de l'alimentation lactée riche en lipides à l'alimentation solide riche en glucides, des modifications hormonales très importantes se produisent. Pendant l'allaitement, le niveau d'insuline est très bas ; mais dès que le rongeur grignote des aliments solides, l'insuline augmente de façon importante. Dans le même temps, le glucagon baisse fortement. « Pendant l'allaitement, la lipogenèse est très basse. Si on sevre l'animal sur un régime hyperglucidique, la capacité lipogénique augmente de façon spectaculaire. En revanche, si on le sevre sur un régime hyperlipidique, la lipogenèse n'augmente pas. Les variations de cette dernière ne sont donc pas liées au stade de développement mais à la transition nutritionnelle. Par ailleurs, l'expression des ARN messagers des gènes codant les enzymes de la lipogenèse, comme l'Acétyl-CoA carboxylase (ACC), est extrêmement faible pendant l'allaitement. Elle augmente avec un sevrage allant sur un régime glucidique, mais elle n'augmente pas avec un sevrage fondé sur un régime lipidique. Cela démontre bien que c'est le sevrage sur le régime glucidique qui permet d'augmenter l'expression des gènes de la lipogenèse », indique le Pr Ferré.
L'implication de facteurs de transcription
L'action combinée du glucose et de l'insuline induit l'expression des gènes de la lipogenèse. « À travers ses effets sur la sécrétion d'insuline, le glucose a un certain nombre d'effets géniques qui sont traduits par le facteur de transcription SREBP-1c. Mais il existe également de multiples effets directs du glucose sur l'expression des gènes hépatiques et des gènes de la lipogenèse par une action sur un autre facteur de transcription appelé ChREBP », assure le Pr Ferré.
D'après une conférence du Pr Pascal Ferré, professeur à l'Université Pierre et Marie Curie et directeur du centre de recherche des Cordeliers, spécialiste en diabétologie.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024