« Un miracle » ! Ce sont les mots de la patiente de 67 ans soignée dans le service du Pr Christophe Hézode (hépatologie, hôpital Henry Mondor), tels que les restitue le praticien.
Il reconnaît volontiers qu’elle revient de loin : infectée par le virus de l’Hépatite C de génotype 4, son état s’était détérioré l’année dernière avec l’apparition d’une cirrhose décompensée. Au cours de l’été 2013, elle avait dû être hospitalisée à six reprises pour des encéphalopathies hépatites, et présentait également une ascite importante la contraignant à subir une ponction toutes les deux semaines. Inscrite sur une liste d’attente pour une transplantation hépatique, on lui prescrit alors du sofosbuvir (Sovaldi de Gilead) et de la ribavirine.
Une ouverture progressive de la prescription
À cette époque, le Sovaldi fait encore l’objet d’une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) de cohorte restreignant son utilisation aux patients en attente de greffe chez qui l’on veut éliminer toute trace du virus, ainsi qu’aux patients post-greffe victimes d’une récurrence du virus. L’indication pouvait également être élargie à d’autres patients présentant une fibrose d’un stade supérieur ou égal à F3 dans le cadre d’un ATU nominative. Le sofosbuvir a obtenu son autorisation de mise sur le marché en janvier dernier, qui autorise son utilisation pour tout type de patient infecté par le VHC. Dans le cas de la patiente traitée à Henri Mondor, « son score de Child Pugh était B7, détaille le Pr Hézode, elle entrait donc parfaitement dans la définition de la première ATU. Il aurait d’ailleurs été impossible de la traiter avec les anciennes générations de traitement. » Cette patiente n’aurait probablement pas supporté les interférons pégylés qui étaient incontournables avec le télaprevir et le bocéprevir, mais qui ne le sont plus avec la nouvelle génération de traitement (sofosbuvir et siméprévir).
Un deuxième patient peut être bientôt exclu de liste
Au bout de 24 semaines de traitement, les encéphalopathies et l’ascite avaient disparu, et la fibrose avait suffisamment régressé pour permettre la sortie de la liste d’attente d’une transplantation hépatique. La patiente avait de plus retrouvé suffisamment d’autonomie pour se rendre en bus à l’hôpital. Selon le Pr Hézode, des patients avaient déjà été retirés de liste de d’attente de greffe, où ils avaient été placés pour des cirrhoses décompensées compliquant une Hépatite B chronique*, « mais dans le domaine de l’hépatite C, c’est une première ». Avec les autres membres de son équipe, il est en train de d’écrire une lettre à destination de plusieurs revues scientifiques pour que ce cas soit publié. D’autres patients pourraient eux aussi éviter la transplantation hépatique. « Nous avons environ 300 patients qui sont candidats à ce traitement et 75 qui le suivent en ce moment même. L’un d’entre eux va peut-être également sortir de la liste d’attente des greffes de foie. Nous devons encore statuer sur son cas », précise le Pr Hézode.
* Un essai international coordonné par le Pr Patrick Marcellin (hôpital Beaujon) a pour la première fois dans le cas d’une hépatite B, permis de faire tomber le dogme selon lequel une cirrhose constituée ne peut s’améliorer (voir « le Quotidien » du 11 février 2013 et « The Lancet » volume 381, 468-475, février 2013).
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