À propos de l’hépatite C, on parle d’élimination et non d’éradication, ce qui correspondrait à la disparition totale de tout cas d’infection. L’OMS a défini l’élimination de l’hépatite C comme une réduction de 90 % de son incidence et de 65 % de sa mortalité.
Trente années d’une histoire exemplaire
Au cours de la première époque de l’hépatite C, après la découverte du virus en 1989, le caractère invasif des méthodes diagnostiques et d’évaluation de la fibrose imposant la biopsie hépatique, la durée du traitement et les effets secondaires de l’interféron, son efficacité limitée à la moitié des patients traités ne pouvait permettre d’envisager de dépister, d’évaluer et de traiter toutes les hépatites C. Le rapport bénéfice/risque peu favorable n’amenait à prendre en charge que les malades les plus sévères.
Le premier changement majeur est arrivé avec des méthodes diagnostiques simples comme la sérologie ou les TRODs et surtout l’évaluation de la fibrose par des techniques non invasives, Fibroscan ou les scores Fibrotest, FibroMètre V et Hépascore, des examens accessibles et réalisables partout.
Puis, sont arrivées en 2014 de nouvelles générations de traitement, les antiviraux à action directe (AAD) qui ont réellement transformé la prise en charge. Dès 2018, ils permettant d’obtenir une guérison dans pratiquement 99 % des cas, avec des durées de traitement de 8 à 12 semaines. Concernant le prix, il ne peut plus guère y avoir de débat si on compare la possibilité de guérison en 8 à 12 semaines par rapport à l’évolution sur 20 ans d’une hépatite chronique avec sa morbidité et le risque de cirrhose et de cancer du foie.
Une prise en charge simplifiée
La simplicité des méthodes de diagnostic, d’évaluation et de traitement de l’hépatite a permis d’ouvrir, en juin 2019 à tous les médecins la possibilité de prescrire des AAD. Sous certaines conditions, peu ou pas de fibrose, pas de comorbidités hépatiques comme la co-infection par le virus de l’hépatite B (VHB) ou la consommation excessive d’alcool.
Deux associations d’efficacité et de tolérance équivalentes sont aujourd’hui possibles quel que soit le type de virus, soit sofosbuvir/velpatasvir (Epclusa) pendant 12 semaines soit glécaprévir/pibrentasvir (Maviret) pendant 8 semaines. « Il était nécessaire de sortir des centres spécialisés, car il n’y a pas de raison que le médecin traitant prenne en charge l’Helicobacter Pylori et pas l’hépatite C, insiste le Pr Christophe Bureau, hépatogastro-entérologue (hôpital Purpan, Toulouse). Les médecins habitués à intervenir dans les milieux avec forte prévalence du virus de l’hépatite C (VHC) attendaient cette extension qui va leur permettre de prescrire dès maintenant ».
Par contre en présence d’une fibrose, d’une co-infection VHB, de comorbidités, d’une insuffisance rénale qui limite l’accès à certaines molécules, les patients seront référés à des spécialistes. De même que les 1 à 2 % de non répondeurs, qui guérissent dans 99 % des cas avec la deuxième ligne de traitement.
Renforcer le dépistage
Reste le point noir des plus de 100 000 personnes encore infectées. Pour les 30 % qui connaissent leur statut sérologique, on espère que la simplicité du diagnostic et du traitement vont les ramener dans le parcours de soin. Mais un grand effort reste à faire pour identifier les 70 % qui ne se savent pas infectés. Aussi une grande campagne #Dubruitcontrel’hépatiteC# a-t-elle été menée à l’intention des professionnels de santé et du grand public pour rappeler que le VHC ne concerne pas que les toxicomanes ou les homosexuels masculins, la contamination pouvant se faire par des gestes aussi anodins que le partage d’affaires de toilette, l’acupuncture, le tatouage ou le piercing, mais aussi des antécédents d’intervention ou de transfusion dans les années 1970/1980. Il faut absolument déstigmatiser cette maladie silencieuse et ne pas attendre qu’elle soit symptomatique pour la repérer. « Si on se limite au dépistage sur les facteurs de risque majeurs, on va négliger 70 % des personnes infectées. Aussi tout adulte doit-il avoir au moins une fois dans sa vie une sérologie VHC. Vu la faible prévalence de la maladie (1 %) il reste à convaincre les médecins traitants de ne pas se décourager s’ils n’en dépistent pas rapidement dans leur patientèle », conclut le Pr Bureau.
D’après un entretien avec le Pr Christophe Bureau, hépatogastro-entérologue, hôpital Purpan (Toulouse)
Sur le site de la HAS : Hépatite C : Prise en charge simplifiée chez l’adulte (Mars 2019)- Fiche mémo Hépatite C : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2019-03/fiche_memo…
Rapport : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2019-03/rapport_el…
Recommandation de bonne pratique : https://www.has-sante.fr/jcms/c_2911891/fr/hepatite-c-prise-en-charge-s…
Sur le site de Association française d’hépatologie (AFEF )
https://afef.asso.fr/diaporama-mise-au-point-des-recommandations-afef-p…
https://www.youtube.com/watch?v=OA9Bd99kCR0
https://mailchi.mp/70a279ca48e2/dubruitcontrelhpatitec-sur-les-routes-d…
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