L'arrivée des antiviraux à action directe (AAD) dans le traitement de l'hépatite C chronique en France s'est accompagnée d'un impact positif sur le dépistage et les délais de mise sous traitement. C'est ce que montre une étude observationnelle menée sur la période 2015-2019 et parue dans « The Lancet Regional Health - Europe ».
Les AAD sont disponibles en France depuis 2014, mais ont été réservés initialement aux patients atteints de fibrose sévère avec un accès prioritaire. En 2017, leur accès a été élargi à tous les patients. Ces traitements, associés à un fort taux de guérison, ont fortement changé la prise en charge des patients.
L'étude*, menée par l'équipe du Pr Stanislas Pol, chef de service d’hépatologie et d’addictologie à l’hôpital Cochin (AP-HP, Université de Paris), est la première étude épidémiologique à évaluer l’impact de l’extension de l’accès aux AAD en France. Elle s'appuie sur les données issues des bases de données administratives françaises de santé (SNDS). Ont été inclus les patients dépistés ou traités entre 2015 et 2019. Au cours du suivi, 71 466 patients ont commencé un traitement (âge médian de 55 ans).
Surreprésentation des troubles psychiatriques
Le nombre de personnes dépistées est passé de 2,9 millions en 2015 à 3,7 millions en 2019 (soit une augmentation de 1,25 %, avec un taux passé de 4,38 à 5,63 %). Il ressort aussi de l'étude que les troubles psychiatriques sont fortement représentés parmi les patients atteints d'hépatite C chronique, représentant 27 % des cas. Ils sont suivis de la consommation de drogue (21 %) et de la séropositivité au VIH (11 %).
« Cette étude a mis en évidence l’importance relative de sous-populations à risque, comme la population atteinte de troubles psychiatriques et le besoin d’améliorer la cascade de soins dans ces sous-populations », indique le Pr Pol dans un communiqué de Gilead.
Entre 2015 et 2019, le délai médian entre la réalisation du dernier test de dépistage et le début du traitement est passé de 64 à 37 jours, soit une réduction de 27 jours. Cette amélioration cache toutefois le fait que le dépistage ne cible pas assez efficacement les individus les plus à risque. En particulier, l'âge médian au dépistage était de 36 ans alors que l’âge médian des patients traités est de 55 ans.
Les résultats de l’étude devraient ainsi inciter à renforcer les efforts de dépistage en ciblant davantage les personnes de plus de 50 ans ainsi que les patients atteints de troubles psychiatriques.
« Alors que l’accès aux AAD pour les patients hospitalisés en psychiatrie continue de s’avérer difficile, les auteurs rappellent que, pour ces patients à haut risque d’interactions médicamenteuses et de non-observance, un séjour hospitalier représente pourtant l’opportunité d’initier un traitement de manière appropriée et efficace », lit-on. La population de patients atteints de troubles psychiatriques devrait par ailleurs être mieux caractérisée.
*Cette étude a été soutenue par Gilead.
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