Serait-ce la fin de la polémique ouverte il y a un peu plus de deux ans sur l'accessibilité aux nouveaux traitements oraux à action directe contre l'hépatite C ? La Haute autorité de santé (HAS) vient de publier 6 avis sur 6 traitements oraux, affirmant l'intérêt de l'ouverture de la prescription de ces molécules à l'ensemble des patients victimes d'une infection chronique par le virus de l'hépatite C (VHC). Ces traitements sont actuellement réservés aux stades de fibrose F2 à F4, en raison de leurs coûts (soit 41 000 euros pour 12 semaines de Sovaldi, 25 500 euros pour 12 semaines de Daklinza, 41 400 euros…). Le collège de la HAS doit maintenant transmettre une nouvelle recommandation relative à la prise en charge des médicaments anti-VHC au ministère qui publiera les arrétés dans la foulée.
Dans ses avis sur Olysio (siméprévir, Janssen-Cilag) Sovaldi (sofosbuvir, Gilead) Harvoni (sofosbuvir + lédipasvir) et Daklinza (daclatasvir, Bristol-Myers-Squibb), la commission de la transparence de la HAS « estime que le traitement peut désormais être proposé à l’ensemble des patients infectés par le VHC, y compris les porteurs asymptomatiques ayant un stade de fibrose F0 ou F1 qui ne sont pas à risque de transmission du VHC, non inclus dans les précédentes recommandations ».
La CT a également un avis sur Epclusa (sofosbuvir + velpatasvir) et Zepatier (elbasvir + grazoprévir), les deux nouvelles associations respectivement commercialisées par Gilead et MSD. Si elles sont également recommandées pour l'ensemble des patients par la CT, quel que soit leur stade de fibrose, la CT leur a accordé une amélioration du service médical rendu (ASMR) mineure dans la prise en charge des patients adultes infectés par le VHC de génotypes 1 à 6, compte tenu des molécules déjà disponibles.
Les RCP sont maintenues
Ces avis n'éliminent cependant pas le recours aux réunions de concertation pluridisciplinaires qui avaient un temps été dénoncées comme étant au mieux un moyen de contrôler les prescriptions, au pire comme une méthode pour les freiner. La CT préconise également un suivi médical régulier de tous les patients ayant une fibrose avancée (score METAVIR ≥ 3) et une cirrhose après leur guérison virologique. Les auteurs espèrent ainsi promouvoir une détection précoce du cancer primitif du foie dont le risque diminue mais persiste après éradication virale.
En mai dernier, la ministre des Affaires sociales et de la Santé Marisol Touraine avait annoncé l'ouverture des traitements à l'ensemble des patients. La ministre avait toutefois précisé que les décrets d'application de cette décision étaient suspendus à la rédaction d'un nouveau rapport par les Pr Daniel Dhumeaux et Jean François Delfraissy d'une part (le rapport a été publié le 20 octobre) et à la publication des avis de la HAS. Plus rien n'empêche donc la publication des décrets ministériels qui mettront un point final à la controverse.
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