MALADIE fréquente et potentiellement grave, l’hépatite C est encore sous-dépistée et sous-traitée en France. Or contrairement aux infections dues au virus de l’hépatite B et au VIH, le traitement anti-VHC peut entraîner une réponse virologique prolongée – ou soutenue (RVS). Cette guérison est associée à une diminution significative des complications. En ce qui concerne le VHC de génotype 1, « le plus fréquent en France » (60 % des patients) et « le plus difficile à traiter », précise le Pr Patrick Marcellin (hôpital Beaujon, Clichy), le taux de guérison est passé de 2 % au début des années 1990 à 42-48 % avec la bithérapie interféron pégylé alpha-2b et ribavirine. Prescrite depuis janvier 2011 dans le cadre d’une autorisation temporaire d’utilisation de cohorte pour les patients en échec avec fibrose avancée et les patients coïnfectés par le VHC et le VIH (jusqu’en juillet 2011), la trithérapie incluant le bocéprévir augmente de façon significative l’efficacité du traitement anti-VHC.
Première antiprotéase spécifique.
Victrelis est la première antiprotéase spécifique du VHC à disposer d’une AMM en France. Deux grandes études cliniques de phase III ont démontré la supériorité de la trithérapie incluant ce médicament à prescription hospitalière sur la bithérapie pégylée dans l’hépatite C chronique à génotype viral 1, explique le Dr Lawrence Serfaty (hôpital Saint-Antoine, Paris).
Dans l’étude SPRINT-2, menée chez des patients naïfs (1), le taux de RVS était de 38 % avec un taux d’échappement de 22 % sous bithérapie pégylée. Avec la trithérapie à durée fixe ou guidée par la réponse à la bithérapie, respectivement 63 % et 66 % des patients ont présenté une RVS avec des rechutes beaucoup moins fréquentes (9 % dans ces deux bras). Une différence significative en faveur de la trithérapie a également été mise évidence par l’étude RESPOND-2 (2) chez les patients en échec d’un traitement précédent : 59 % des patients ayant bénéficié d’un traitement guidé par la réponse et 66 % du bras « traitement à durée fixe » sont devenus répondeurs contre 21 % dans le bras bithérapie ; avec, là encore, moins de rechutes (respectivement 15 % et 11 % contre 32 %). La trithérapie donne « un taux de guérison 1,7 fois supérieur à celui obtenu sous bithérapie chez les patients naïfs et 2,8 fois chez les patients en échec », résume le Dr Serfaty.
Le schéma thérapeutique.
Dans ces deux études pivot, la trithérapie a été introduite après une phase initiale de bithérapie pendant 4 semaines. Cette phase, également prévue dans le schéma thérapeutique de l’AMM du bocéprévir, « est importante car elle pourrait réduire le potentiel de résistance chez les patients répondeurs à la bithérapie pégylée », indique le Dr Serfaty. Elle permet d’évaluer l’adhérence et la tolérance au traitement et la sensibilité à l’interféron, rendant ainsi « une approche thérapeutique personnalisée ». En cas de charge virale indétectable à la 8e semaine de traitement, il est possible de réduire sa durée de 5 mois chez les patients naïfs ; 60 % d’entre eux peuvent ainsi bénéficier d’un traitement de 28 semaines (1). En revanche, tous les patients en échec d’un traitement préalable doivent être traités pendant 48 semaines.
Le profil de tolérance globale de la trithérapie avec bocéprévir est similaire à celui de la bithérapie pégylée, en dehors d’un risque accru d’anémie, « un effet secondaire qui peut être corrigé sans problème avec l’érythropoïétine », explique le Dr Serfaty.
Enfin, plusieurs études sur la trithérapie dans les populations coïnfectées VHC/VIH et chez les transplantés hépatiques sont en cours, indique le Dr Dominique Blazy (directeur médical MSD France). Dans l’attente des résultats, elle peut être utilisée au cours des coïnfections « avec prudence » et dans des situations qui restent à définir, souligne le Pr Marcellin.
Conférence de presse organisée par MSD.
(1) Poordad F et al. N Engl J Med 2011 ; 364 : 1195-206.
(2) Bacon BR et al. N Engl J Med 2011 ; 364 : 1207-17.
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