L’OeE est une pathologie œsophagienne chronique d’origine allergique et dysimmunitaire. Elle se caractérise par une réaction inflammatoire au sein de laquelle prédominent les éosinophiles, déclenchée le plus souvent par des allergènes alimentaires. Comme les autres maladies allergiques, des incidences croissantes de l’OeE ont été observées dans le monde, bien que les estimations ne soient pas cohérentes, en raison de la conception des études et de leur qualité, très hétérogènes. Selon une étude observationnelle longitudinale conduite sur 25 ans (registre national néerlandais PALGA) [1], entre 1995 et 2019, le nombre de nouveaux cas annuels d’OeE a bondi de 0,006 à 3,16 pour 100 000 habitants, avec le taux le plus élevé en 2019, donc sans décélération en vue. Un biais majeur doit cependant être pris en compte : l’augmentation de la pratique des biopsies œsophagiennes depuis le début des années 2000. Dans cette étude, les personnes touchées par l’OeE sont plutôt des hommes (71 %) et des jeunes (âge moyen 37,9 ± 18,4 ans).
Près de 50 % de rémission histologique
Par ailleurs, une étude en vie réelle multicentrique (2) confirme l’intérêt des IPP en tant que traitement de première ligne comme recommandé de manière consensuelle, probablement parce qu’ils renforcent la barrière épithéliale en limitant l’agressivité du reflux et diminuent ainsi l’exposition aux allergènes alimentaires. La capacité des IPP à réduire à la fois les symptômes et l’infiltration éosinophile chez les patients atteints d’OeE a été documentée à plusieurs reprises. Cependant, de nombreux aspects liés à l'efficacité des IPP dans cette pathologie sont encore inconnus, en grande partie parce que les preuves proviennent d’études observationnelles, impliquant généralement un faible nombre de patients. Les données de cette étude de vraie vie sont issues de la base EoE CONNECT alimentée par treize hôpitaux, en Espagne, Italie et Danemark (630 patients dont 76 enfants). Dans le détail, la rémission histologique (numération maximale des éosinophiles inférieure à 15 éosinophiles par champ) a été obtenue chez 48,8 % des patients, confortant les données de la littérature (30 à 50 % d’efficacité selon les études). 71 % des patients ont déclaré une rémission de leurs symptômes dysphagiques de plus de 50 %. Le traitement améliore également les lésions endoscopiques (fibrose/sténose). Dans l’analyse multivariée, un plus grand nombre de patients éosinophiliques avec un phénotype inflammatoire plutôt que sténosant ont obtenu une rémission clinico-histologique après un traitement par IPP (OR 3,7 ; IC 95 % : 1,4 à 9,5), ainsi que ceux ayant prolongé la durée du traitement de 56-70 jours à 71-90 jours (OR 2,7 ; IC 95 % : 1,3−5,3).
Bénéfice similaire des différents IPP
Aucune différence d'efficacité entre les IPP n’a été mise en évidence. Après avoir obtenu une rémission clinico-histologique de l’OeE, une réduction de la posologie d’IPP a été prescrite chez 138 patients et s’est avérée efficace pour maintenir la rémission dans 69,9 % des cas. Là aussi, le traitement d’entretien par IPP a tendance à être moins efficace chez les patients présentant un phénotype fibrosant et ceux en rémission histologique au lieu d’en rémission profonde (clinique et histologique) suite à un traitement initial par IPP. Et les auteurs de conclure : « tous les médicaments IPP ont eu une efficacité similaire, avec des doses élevées utilisées pendant 71 à 90 jours chez les patients sans signes de fibrose à l’endoscopie, offrant le bénéfice le plus élevé pour l’induction de la rémission ». Les patients présentant une OeE fibrosante étaient moins susceptibles de répondre au traitement par IPP au départ comme sur le long terme. Par conséquent, ils devraient être considérés comme des candidats pour des options anti-inflammatoires.
(1) Abstract PO76
(2) Abstract P077
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